De toutes les musiques américaines, la country est sans doute l'une ayant le moins voyagé hors du continent. Mais un soupçon de je-ne-sais-quoi dans une chanson western a permis au DJ belge «Lost Frequencies» de séduire l'Europe. Et de partir aujourd'hui à l'assaut de l'Amérique.

De son vrai nom Felix De Laet, le DJ bruxellois Lost Frequencies a été propulsé au haut des palmarès à partir de l'été 2014 grâce à son titre Are You With Me, un riff de guitare planant sur fond d'électronique, qui est en fait un remix d'une chanson obscure du chanteur country Easton Corbin.

Le remix s'est hissé en première place au Royaume-Uni, un fait inédit pour un artiste du plat pays, n'en déplaise à Jacques Brel ou Stromae, mais aussi en Australie, en Suisse et en Allemagne. La popularité de la chanson a dépassé de loin celle de son auteur original, un chanteur de Floride relativement connu sur la scène country américaine mais pas au-delà.

Le conte de De Laet commence lorsqu'il poste sur internet ses collages sonores de rythmes électroniques et de classiques effectués sur un simple ordinateur portable, en parallèle de ses cours d'économie à l'université. Et c'est à son propre étonnement que son remix d'une chanson country a caracolé au sommet des palmarès, lui permettant de signer un contrat avec une maison de disques et de revendiquer aujourd'hui plus de 200 millions de vues sur YouTube.

«Quand je mettais une pièce en ligne, j'espérais une sorte de réaction, que les gens se disent:«Hey, c'est cool ça!»», confie le diplômé de 22 ans avant un spectacle au Webstar Hall de New York, première étape d'une mini-tournée américaine qui doit aussi l'amener à Los Angeles, San Francisco et à Vancouver sur la côte ouest canadienne.

«En fait, je n'avais jamais imaginé signer un contrat avec une maison de disques, avoir un imprésario et une équipe entière travaillant sur un spectacle», dit-il. «Ce n'était même pas un rêve, je n'avais même pas pensé à ça».

Succès no. 2

Le DJ attribue le succès de Are You With Me à la rencontre entre sa sauce country, un genre musical peu connu en Europe, et la musique électronique qui a le vent en poupe sur le vieux continent.

«Vous n'entendez pas beaucoup de country en Europe. Lorsqu'un morceau de musique dance intègre ne serait-ce qu'une mini-touche de country, ça fait une énorme différence, car ça permet au titre de se démarquer», explique le jeune artiste qui a dû plancher pour ne pas voir sa carrière naissante réduite à un seul tube.

L'été dernier, le DJ a lancé Reality, un bonbon musical sucré, léger et efficace appuyé par la voix du chanteur néerlandais Janieck Devy, qui s'est imposé sur les palmarès européens et fait depuis son petit bonhomme de chemin sur le classement des artistes émergents du Billboard américain.

Le jeune belge attribue toutefois ce décalage entre sa popularité européenne et son quasi-anonymat américain à son absence sur les scènes d'Amérique du Nord. Un fossé Atlantique qu'il tente de combler avec cette mini-tournée en guise de carte de visite aux États-Unis.

Tard samedi soir, lors de sa première prestation sur une scène américaine, Lost Frequencies a emballé la piste en mélangeant des styles feutrés et toniques, juxtaposant par exemple le reggae de Bob Marley à la soul de James Brown.

Après cette mini-tournée de quelques dates qui s'achève ce week-end à Vancouver, le DJ belge se rendra à Paris avant de revenir en avril aux États-Unis pour participer au festival de Coachella.

Entre-temps, l'artiste cendrillon se consacre à l'écriture de son premier album dans lequel il veut intégrer des pièces originales sans toutefois chanter lui-même. «Je ne chante pas», confie-t-il en esquissant un léger sourire. En fait, «je n'aime pas ma voix».