Il aura fallu patienter une dizaine d'années avant de voir Louise Attaque reprendre sa place sur la scène rock française. «On avait l'impression de ne pas avoir tout dit», explique le groupe qui sort en février son 4e album, avant une tournée très attendue.

«On n'a qu'un groupe dans la vie», souligne de sa voix légèrement éraillée le chanteur Gaëtan Roussel, installé au milieu de ses camarades Robin Feix (basse) et Arnaud Samuel (violon) dans une brasserie du nord de Paris.

«J'ai l'impression que chaque chemin et chaque contre-allée qu'on a pu prendre, chacun de notre côté, ne nous ont pas proposé de vivre ce que Louise Attaque nous permet de vivre», ajoute le chanteur qui ne s'est pas franchement ennuyé loin de son groupe, avec deux albums solo et des productions pour d'autres comme Alain Bashung.

Louise Attaque, dont le retour intervient après celui des Innocents ou de Téléphone (sous le nom des Insus), est l'un des fleurons de la scène française: son premier album, paru en 1997, gorgé de ritournelles entraînantes, de violons joueurs et de poésie urbaine, reste l'album de rock le plus vendu en France (3 millions d'exemplaires), selon Barclay.

Le groupe a creusé son sillon, signant un deuxième album plus rêche en 2000. Il fait une pause jusqu'en 2005, sort un troisième opus, et se remet en sommeil pendant près de dix ans. Seule une chanson inédite, en 2011, avait entretenu la flamme mais sans réel désir de recommencer ensemble.

Peu à peu, l'idée de réveiller «Louise» fait néanmoins son chemin, mais en trio cette fois, le batteur Alexandre Margraff ne faisant plus partie de l'aventure.

Une tournée jusqu'au Canada

Au départ, «on ne savait pas si Louise Attaque allait continuer à trois», reconnaît Arnaud Samuel. «C'est un processus qui s'est fait par la discussion. On l'a su assez vite parce qu'il y avait cette spécificité, celle qui fait que quand on se rassemble, ça finit par créer quelque chose qui nous échappe et nous correspond», ajoute le violoniste.

Restait à retrouver la fraîcheur qui constitue un peu la marque de fabrique du groupe, à l'heure d'écrire ce quatrième album baptisé Anomalie (sortie le 12 février). Le trio est allé la chercher à Londres, Berlin, Paris et dans le sud de la France avant de confier ses dix nouvelles compositions à un très jeune producteur britannique, Oliver Som, né comme «Louise» dans les années 1990.

C'est lui qui a peaufiné ce nouveau disque dense, traversé de touches de claviers ici et là, mais aussi d'une certaine gravité dans des textes qui peuvent par exemple évoquer la fin de L'insouciance.

«C'est la première fois qu'on a donné les clés à un producteur avec le champ libre pour s'exprimer sur ce qu'on proposait», relève Robin Feix.

«L'idée est à chaque fois d'expérimenter de nouvelles choses, on n'a pas envie de se limiter à un son. Après, on a toujours la vision du live: dès la première note de la première composition, on pense déjà à la scène, parce que c'est aussi ça, Louise Attaque», ajoute le bassiste.

Pour la tournée du retour, le trio sera accompagné d'un batteur et d'un claviériste. Le coup d'envoi de ce périple, qui passera par les principaux festivals français (Printemps de Bourges, Main Square, Francofolies, Vieilles Charrues), sera donné fin février à La Rochelle.

Une quarantaine de dates sont programmées au total, avec aussi des concerts en mars à Genève et au Luxembourg, en avril sur la scène bruxelloise de l'Ancienne Belgique, et une étape canadienne en juin à Montréal.

Les fans de J't'emmène au vent et de Léa retrouveront un Louise Attaque désormais «quadra» dont l'ADN n'a pas changé, avec «la personnalité du violon» et cette «basse très mélodique», assure Gaëtan Roussel. «Et quelque chose qui nous suit depuis le début, j'espère: ne pas seulement s'accompagner les uns les autres mais jouer vraiment ensemble».