Radiohead, Kanye West, Lady Gaga...: l'influence artistique de David Bowie, qui a cultivé le goût de l'expérimentation musicale jusqu'à son dernier album, a été immense et se retrouve chez des artistes aux styles très variés.

Plus que d'autres, Bowie incarnait la «pop culture» avec un souci permanent de se réinventer et de capter l'air du temps, à travers des chansons qui l'ont emmené du côté du folk, du rock, du funk ou du jazz. Mais aussi avec tous ses personnages et ses costumes extravagants créés depuis la fin des années 60.

À l'image de son oeuvre, éclatée et variée, son influence est aujourd'hui revendiquée par nombre de musiciens qui, à défaut d'adhérer à toute la discographie du «Thin White Duke», se retrouvent dans certaines des périodes d'un artiste caméléon.

Dès l'annonce de sa mort, le rappeur Kanye West a assuré que «David Bowie était l'une de (ses) principales sources d'inspiration». Madonna a également confié son chagrin sur les réseaux sociaux en rappelant que Bowie avait été «le tout premier concert que j'ai jamais vu, à Detroit».

«Une véritable inspiration», a écrit le groupe américain Pixies en accompagnant son message sur Twitter d'une photo qui résume l'influence de Bowie sur le rock: le chanteur y est entouré d'une belle brochette de fans nommés Billy Corgan des Smashing Pumpkins, Dave Grohl de Nirvana et Foo Fighters ou Robert Smith des Cure.

Le site spécialisé américain Allmusic.com, qui recense les influences entre artistes, a ainsi trouvé plus de 120 artistes et groupes inspirés par David Bowie.

On trouve dans cette liste des groupes de rock britanniques comme Joy Division, dont le leader Ian Curtis vénérait Ziggy Stardust, Radiohead, Suede ou Duran Duran. Autant de groupes visiblement séduits par la période plus «new wave» de Bowie, à la fin des années 1970.

Y figurent aussi des vedettes plus inattendues comme les hard-rockeurs de Kiss, dont la filiation semble davantage résider dans le goût du glam-rock et du maquillage, ou encore Lady Gaga, spécialiste des changements de tenues et de personnages à l'instar de Bowie, qu'on a connu en robe à ses débuts, puis en popstar scintillante, en combinaisons futuristes, mais aussi en look costume-cravate.

Par son souci de se métamorphoser et de mêler les genres, la fantasque islandaise Björk est probablement l'une de celles qui lui ressemble le plus.

Pour tous, l'importance de Bowie tient notamment au fait qu'il a su inventer lui-même ses codes: «Il était vraiment iconoclaste et original», dit à l'AFP Caroline Sullivan, critique au Guardian, qui a visité le mois dernier la maison d'enfance de Bowie, dans le sud de Londres, pour un documentaire.

«Un album de Bowie c'est une odyssée»

«La plupart des vedettes du rock sortent plus ou moins d'un moule, mais il n'y avait personne comme Bowie avant lui et il n'y en aura plus jamais après lui», ajoute-t-elle.

«Il a eu conscience très tôt que le rock, et que la musique en général, ne pouvait pas se satisfaire par elle-même et qu'elle devait être accompagnée d'un tas de faisceaux: un album de Bowie c'est une odyssée», a souligné sur France Inter le journaliste Christophe Conte, auteur d'un récent documentaire sur la vedette.

Son influence a été parfois plus directe: il a produit des disques pour Lou Reed (l'album Transformers) et Iggy Pop. Il a aussi travaillé avec Brian Eno sur sa «trilogie berlinoise» de la fin des années 1970. On l'a aussi entendu chanter avec le groupe Queen, Mick Jagger ou plus récemment The Arcade Fire, pour qui Bowie s'est fait choriste en 2013.

Une influence qui s'est enfin fait sentir à travers des reprises. Parmi les plus marquantes figurent la célèbre version acoustique de The Man Who Sold The World par Nirvana dans les années 1990 ou Heroes par les New-Yorkais de Blondie au début des années 1980.