C'est en chantant et dansant que les fans de David Bowie lui ont rendu hommage dans son quartier natal de Londres, alors que fleurs, bougies et petits mots étaient aussi déposés à New York et Berlin, où il a vécu.

Les anonymes avaient commencé à défiler dès l'annonce du décès de l'artiste, tôt lundi matin, dans le quartier de Brixton, dans le sud de Londres, où Bowie est né il y a 69 ans.

Dans la soirée, c'est en reprenant à la guitare des tubes de leur idole, en chantant notamment «Space Oddity» et en dansant que plus de 2000 fans émus mais souriants ont choisi de rendre hommage au chanteur décédé dimanche.

Affublés pour certains du maquillage flashy de Ziggy Stardust, ils ont transformé en véritable discothèque à ciel ouvert une place du quartier, devant le cinéma centenaire Ritzy qui affichait sur sa devanture: «David Bowie, notre garçon de Brixton, RIP».

D'un immeuble voisin a été diffusé à plein volume son tube Let's Dance, attirant nombre de danseurs enthousiastes. Les bars des environs, bondés, consacraient leur programmation musicale à l'artiste «aux mille visages».

Devant l'affluence, la police a coupé la circulation sur une rue adjacente, aussitôt investie par une nuée de fêtards chantant à tue-tête, grimpant sur les cabines téléphoniques et levant leurs verres au ciel pour parachever la métamorphose du quartier en planète Bowie.

«Stupide de manquer ça»

«Je ne pense pas qu'il y ait un autre musicien dans le monde qui puisse rassembler cette foule avec tellement de générations différentes. Ca n'arrive qu'une fois dans une vie. Ca aurait été stupide de manquer ça», a confié Dan Hunt, 28 ans.

Dans la journée, les fans, toutes générations et tous pays confondus, ont défilé dans ce quartier populaire en voie de gentrification devant une grande fresque colorée du visage de la star.

«Tout le monde l'aimait. C'est un jour de tristesse», a glissé Julia, la petite quarantaine, venue en voisine.

«Il est toute ma jeunesse, le défi aux stéréotypes sur le sexe. Pour les gais, c'était une lumière qui nous guidait», a souligné Charlie Rice, 66 ans, lunettes fumées et écharpe colorée.

Nydia, une écrivaine anglaise de 45 ans, en pleurs, a déposé fleurs et bougies, rallumant celles qui étaient éteintes. «Il était tout pour moi. Il a eu beaucoup d'influence sur ma vie, depuis l'âge de 11 ans. Si je n'avais pas eu David Bowie comme héros, je n'aurais probablement jamais été artiste», a-t-elle dit.

Pour Dagmar, 40 ans, un graphiste originaire du Brésil, «ce n'est pas seulement sa musique, ce sont ses actes, son style de vie, ce qu'il représentait pour chacun».

Non loin, Clare Ronai, comptable de 35 ans, a apporté des fleurs. Elle est en larmes, avec son bébé dans la poussette qu'elle a habillé comme celui du film Labyrinth, dans lequel Bowie interprétait le roi des lutins. «Je l'ai découvert quand j'avais 12-13 ans, et on pense tous qu'on n'est pas normaux à cet âge. Il nous a aidés pendant toute cette période».

À Berlin, où l'artiste se réfugia à la fin des années 1970 pour retrouver l'inspiration, les admirateurs déposaient aussi des fleurs devant son ancienne adresse, au 155 de la Hauptstrasse, dans le quartier de Schöneberg.

Larmes et fleurs également devant sa maison de Manhattan à New York, un élégant bâtiment de brique rouge sur Lafayette Street à Soho. «C'était un artiste génial à tout point de vue, toujours en avance sur son temps», a dit Michelle Lynn, venue sur place avant d'aller travailler, avec des photos de lui dans son sac à main. Elle se souvient l'avoir vu en concert, la première fois au Madison Square Garden: «J'avais été époustouflée».

Autre lieu d'hommage, l'exposition qui lui est consacrée actuellement à Groningue, dans le nord des Pays-Bas, après avoir fait le tour du monde, et pour laquelle les tickets se vendaient à une vitesse folle.

Suzanna Lemstra, 58 ans, la voix tremblante d'émotion, a exprimé son admiration: «J'aimais avant tout sa musique, mais c'était aussi quelqu'un qui montrait qu'il ne faut pas avoir peur d'être soi-même et qu'il est toujours possible de se réinventer».