Jean-François Casabonne est partout. Sur scène dans la tournée québécoise de Moby Dick qui a commencé mardi. En CD et en livre intitulés Une girafe et un pont. À la télé aussi bientôt dans Les pays d'en haut. Portrait d'un humaniste hyperactif.

Il construit des ponts à partir de ses rêves. Jean-François Casabonne veut souder des liens, créer des mondes meilleurs. Humaniste, idéaliste, utopiste même. Hyperactif. En même temps qu'il joue le rôle de Queequeg dans Moby Dick, qui tourne au Québec tout le mois de novembre, il prépare un spectacle de paroles et de musiques. En recherche d'authenticité.

«Je travaille beaucoup, dit-il, mais je suis habité par toutes sortes de choses. J'ai ce désir de continuer à écrire. Le geste de monter sur scène est une manifestation de vie. On pourrait rester assis et regarder passer le train, mais il y a moyen d'insuffler cette force qui est d'ancrer sa vie dans du vrai.»

Il a écrit de la poésie, du théâtre. Il vient aussi de publier un essai sur sa pratique d'acteur. Il est donc cet artiste qui pense, qui réfléchit. Il chérit tout autant la communication et le partage des connaissances. Il construit.

«Dans ce que je veux donner, ce qui m'intéresse le plus comme artiste, comme je le fais dans Moby Dick, c'est de dire quelque chose sur scène. On se donne tous, mais je veux explorer cet acte de donner pour que ça touche les gens.»

Chaque nouvelle manifestation de sa part signifie qu'il endosse, qu'il appuie le propos.

«Cet engagement là [dans Moby Dick] et dans le message écolo de Dominic Champagne, j'y adhère. La découverte du pétrole a freiné la tuerie des baleines, mais là il faut freiner le pétrole. Qu'est-on en train de tuer en ce moment sans s'en rendre compte?»

Musique

Prévu pour février 2016, son spectacle de musique (sur scène avec Philippe Brault, qui a aussi réalisé le CD, et Charles Duquette) lui permettra d'en dire plus comme bipède vivant sur cette planète.

«Je joue de la guitare et je chante, mais ce n'est pas mon métier. Je me commets là-dedans. Chanter en français, c'est déjà quelque chose. Je veux raconter l'histoire d'un personnage au-dessus d'une faille. Il essaie de la colmater lui-même, de devenir un pont au-dessus de cette ambiance un peu fêlée qui est le reflet de ce qu'on vit.»

Le CD et le livre qui l'a précédé annoncent ses couleurs. Peut-être qu'il est temps de ralentir, probable qu'il faut se rapprocher du sol.

«Se mettre à marcher nu-pieds c'est vouloir sentir le vrai pouls de l'humanité. Comme si on avait perdu quelque chose. Enlevons nos souliers pour mieux marcher. Essayons de devenir cette girafe qui prendrait racine dans notre monde pour mieux voir le petit ou le grand des choses. »

Famille

On sent le coeur grand ouvert. En entrevue, le grand frère d'Anne donne beaucoup. Sa famille, la vraie comme l'élargie, a été marquante dans sa vie, on le conçoit aussi.

Le dessin du livre et du CD est de Marc Séguin. Le peintre-romancier en a produit d'autres pour le spectacle. La photo du CD, prise par sa mère est celle du gamin Casabonne et de sa grand-mère devant une girafe penchée vers lui. Il aimait dire qu'il venait de la planète Mars à cet âge-là puisque sa mère se prénommait Marcienne.

«À la fin, elle était très malade. On savait tous qu'elle allait mourir. Mais elle rêvait. En mars, elle disait à sa soeur Ursule qu'elle irait cueillir des fraises avec elle. Je l'ai un peu rabrouée, mais ça l'a choquée: tant qu'il y a de la vie y'a de l'espoir. J'avais compris que ce petit espoir-là, ce rêve-là, c'était vivre. Ça l'a probablement tenue en vie plus longtemps. C'est peut-être ça, l'éternité. Glisser, comme des enfants, en bas de la côte, une côte qui finit jamais...»

En bas de l'année 2015 commencera 2016 et un rendez-vous télévisuel très attendu, Les pays d'en haut. Il en sera également.

«C'est trippant. L'auteur Gilles Desjardins s'est permis certaines libertés et mon personnage arrive dans le village pour régler une affaire. C'est un personnage mystérieux. Encore là, je défends un inconnu vraiment intéressant.»

Certains préfèrent les univers connus, Jean-François Casabonne voyage à l'autre bout du spectre. Jeune, il a déjà pensé à se faire moine. Heureusement, l'artiste à tout faire, sensible aux subtilités de l'invisible, a décidé de créer. À l'envers des dogmes et, surtout, celui de l'argent.

«On est broyé dans la pensée pragmatique. J'avais le goût de dire qu'il ne faut pas écraser le rêve. On peut y aller avec les moyens du bord. On cherche toujours à mettre des marques partout, à mettre les affaires en boîte, mais qui pousse le bateau? C'est le vent. J'ai le goût d'être le vent.»

Une girafe et un pont, Jean-François Casabonne, Indépendant

En vente en format numérique; sortie en CD le 4 décembre

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Parcours d'un artiste hyperactif

Cinéma

Mes ennemis, 2014

Le ring, 2007

La beauté de Pandore, 2000

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Musique

L'inconnu Zigzag, 2008

Une girafe et un pont, 2015

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Livres

Du je au jeu, essai, 2014

Une girafe et un pont, chansons et poèmes, 2014

L'Homme errata, roman, 2010

Il lui tient la main avec son nez de cerf, recueil de poèmes, 2005

La Traversée, pièce de théâtre, 2002

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Théâtre

Moby Dick, TNM 2015

Le Repas des fauves, Rideau Vert, 2015

Une vie pour deux, Espace GO et CNA, 2012, 2014

Christine, la reine-garçon, TNM, 2012

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Télévision

Au secours de Béatrice, 2014

Virginie, 2008-2010

La galère II, 2008

Emma, 2003