On avait laissé Eddy Mitchell en peignoir bleu pour un émouvant «au revoir» sur la scène parisienne de l'Olympia. Quatre ans après, le rocker crooner français revient avec un nouvel album cuivré et l'envie de retrouver le public en mars, entouré d'un grand orchestre.

Sur la pochette de son 36e album, qui sort vendredi, Eddy Mitchell s'affiche plus classe que jamais avec smoking, noeud pap et barbe.

C'est ce nouveau disque, le bien nommé Big Band, enregistré avec un grand orchestre, qui l'a motivé pour les concerts: «Quand je l'ai fait, je me suis dit que, quand même, sur scène, ce serait bien!», sourit «Mr. Eddy», verre de vin rouge et étui à cigarettes à portée de main, en recevant pour déjeuner dans un palace parisien.

Ses «adieux» à la scène, en septembre 2011 à l'Olympia, lors d'un concert qu'il avait terminé en peignoir, n'étaient donc qu'un au revoir: Eddy Mitchell, 73 ans, a annoncé une dizaine de concerts en mars au Palais des sports de Paris.

Ses «adieux», explique-t-il, valaient pour les tournées, dont il ne veut plus entendre parler. Ce qui l'épuise? Les «hôtels», souffle-t-il. «Après 22h30, vous ne trouvez plus de restaurants, donc vous mangez soit dans une boîte de nuit, soit dans une brasserie, ou alors à l'hôtel et vous regardez la télé, formidable! Et vous mangez une salade gourmande parce qu'il n'y a rien de chaud... Il y a une petite lassitude.»

Le «faux retraité» de la scène était déjà revenu sous les projecteurs en novembre 2014 pour six soirées «très drôles» avec les «Vieilles canailles» Johnny Hallyday et Jacques Dutronc. On l'a aussi vu l'an dernier dans la pièce Un singe en hiver mais il ne semble pas avoir une folle envie de remonter bientôt sur les planches: «Le théâtre, c'est poussiéreux...»

Pour le Palais des sports, Eddy Mitchell voit grand, avec 21 musiciens pour faire vivre ce nouvel album, qui succède à Héros (2013).

Pince-sans-rire

Claude Moine, son vrai nom sous lequel il signe toujours ses textes, rend de nouveau hommage à son Amérique, celle de Frank Sinatra (Il faut vivre vite), de Martin Luther King (Quelque chose a changé) et du grand ouest (Un rêve américain).

Une Amérique dont il chérit les icônes et le passé mais où il ne se verrait pas vivre: de Los Angeles, il n'aime que les studios Capitol où il a enregistré et un magasin où il aime acheter de vieux disques vinyles.

Eddy Mitchell a également repris en français deux standards américains: Fly Me To The Moon (Promets-moi la lune) et Hurt (Pleure), une adaptation d'un titre repris par Elvis Presley qui lui «a pris des années». Il rêvait aussi de Unforgettable, chanté par Nat King Cole, mais n'a pu obtenir les droits.

Sur des musiques soyeuses, principalement concoctées par son complice de toujours, Pierre Papadiamandis, l'auteur de Lèche bottes blues se fait aussi chroniqueur pince-sans-rire et gentiment mordant.

Tout y passe: les réseaux sociaux qui le laissent indifférents (Je n'ai pas d'amis), les courriers publicitaires (Avec des mots d'amour), le Paris trop touristique (Tu ressembles à hier), les critiques musicaux facilement «méchants» (Journaliste et critique) ou même les médecins (Combien je vous dois?). Le tout chanté avec un swing travaillé et un éternel détachement.

Il n'y a guère que lorsque la politique arrive sur la table, en fin de déjeuner, que «Mr. Eddy» perd un peu de son flegme.

Supporter assumé de l'opposition de droite, il regrette de voir le président socialiste François Hollande agiter «l'épouvantail» du Front national (extrême droite), «sa seule chance d'ailleurs» d'être réélu en 2017.

Sa préférence? «Je ne vois que Juppé, bien qu'il soit rigide...», résume-t-il, affichant son soutien au principal rival à droite de l'ex-président Nicolas Sarkozy.