Alabama Shakes donnera son premier spectacle en sol québécois ce soir à Laval dans le cadre du festival MRCY. Entrevue avec le guitariste Heath Fogg.

La journée de notre entrevue avec Heath Fogg, le guitariste d'Alabama Shakes, le groupe se trouvait à San Francisco en prévision d'un spectacle. La bande de Brittany Howard faisait beaucoup jaser ce jour-là, puisque la chanteuse venait de dévoiler le premier album de son projet parallèle baptisé Thunderbitch.

«C'est bon!», lance Heath Fogg.

Le printemps dernier, Alabama Shakes a sorti son deuxième opus, Sound&Color. «Cet album rend notre spectacle plus dynamique. Parfois, l'ensemble est imposant, parfois, le climat est plus intime. Il y a aussi plus de gens avec nous sur scène», détaille le guitariste.

Le quatuor, complété par le bassiste Zac Cockrell et le batteur Steve Johnson, avait déjà l'habitude de tourner avec un claviériste. «Nous avons maintenant un autre claviériste et trois choristes. Nous sommes donc neuf sur scène. C'est plaisant», indique Heath Fogg.

Changement de vie

Avant la sortie du premier album du groupe, en avril 2012, des dettes d'études pesaient sur le dos des quatre musiciens vivant à Athens, en Alabama. Leur vie a changé de A à Z avec le succès de Boys and Girls, qui leur a valu une nomination aux Grammy comme meilleur nouvel artiste. Une nomination plus que méritée: exquis, le blues-soul d'Alabama Shakes et la voix de Brittany Howard font vibrer l'âme.

Au terme des longues tournées qui ont suivi partout dans le monde, Alabama Shakes avait besoin de s'arrêter et de faire une sorte de bilan.

«Nous avons beaucoup appris. Après, nous avons pris une année de congé pour relaxer et commencer à travailler sur Sound&Color», souligne-t-il.

Comme c'est généralement le cas des groupes sortis de nulle part qui connaissent un succès monstre avec leur premier album, Alabama Shakes a pu bénéficier de davantage de temps et de ressources en studio. Résultat: plus de diversité et d'expérimentations musicales, qu'elles soient électro, prog, jazz ou glam.

«Pour moi - et peut-être que mes collègues ne sont pas d'accord -, la tournée et le studio sont deux choses différentes. Les deux sont satisfaisants, mais le studio représente du travail et du remue-méninges, alors que la tournée est relax et routinière.»

Alabama Shakes a eu recours, à la coréalisation, à Blake Mills, un jeune virtuose de la guitare qui a lancé des albums solos. «Notre relation s'est développée bizarrement. Au départ, nous voulions qu'il tourne avec nous, car nous adorons ses albums, mais il a refusé.»

Le groupe est revenu à la charge pour bénéficier de son talent en studio. «Pour le premier album, nous avions une vision claire de ce que nous voulions faire, mais nous ne savions même pas que nos enregistrements allaient finir par devenir un album. Cette fois-ci, c'était bon d'avoir une voix de plus. Une voix d'encouragement et une voix critique. Blake a aidé chacun de nous. Sans lui, je crois que nous aurions créé un album différent.»

La pression du deuxième album a été bénéfique pour Alabama Shakes. «Tu peux essayer de refaire le premier album ou tu peux utiliser cette pression pour faire quelque chose dont tu es fier. Tous les membres du groupe penchaient pour la deuxième option», dit Heath Fogg.

Retour dans le temps

Heath Fogg jouait dans un groupe de reprises quand ses trois futurs comparses d'Alabama Shakes l'ont sollicité pour l'intégrer dans un spectacle. «Nous avons fini par délaisser les reprises pour écrire ensemble.»

«Athens est une petite ville, mais pas aussi petite que les gens le pensent. Après avoir voyagé beaucoup, je constate toutefois qu'Athens est un peu en retard sur ton temps. Mais c'est mon rythme de vie préféré», dit-il.

Il parle du talent inné de la chanteuse et auteure-compositrice Brittany Howard, que l'on compare souvent à Janis Joplin, mais elle dit plutôt s'identifier à feu Bon Scott d'AC/DC. «J'admire sa voix, mais aussi sa façon unique d'écrire et de jouer de la guitare.»

Heath Fogg a étudié en art. Il voulait travailler dans un domaine créatif avant le succès d'Alabama Shakes. «Mais c'était difficile et je gagnais ma vie en peignant des maisons.»

Aujourd'hui, le guitariste écrit «musicien» dans la case «métier» quand il remplit des documents administratifs.

Et il se réjouit de faire un premier spectacle au Québec.

À l'Espace Montmorency ce soir, à 22h, dans le cadre de MRCY.