«J'avais 9 ans et je cherchais quelque chose à quoi m'accrocher», a d'abord dit Jean Leloup, magnifique Johnny the Wolf sous son chapeau blanc. «Et là, à la radio, j'ai entendu Gilles Vigneault chanter Pendant que. Vous savez: Moi, moi, je t'aime...

«Je me suis dit: Wow! Y a un gars qui a écrit ça: Pendant que les bateaux/Font l'amour et la guerre, Moi je t'aime... J'étais content. J'étais content en sacrament!»

Les remerciements de Jean Leloup, lauréat du prix Gilles-Vigneault, offert par la Banque Nationale et soulignant le bon rythme de sa «carrière en marche», n'ont été qu'un des beaux moments du gala annuel de la Fondation de la Société professionnelle des auteurs et des compositeurs du Québec (SPACQ), hier soir au siège social de la même BN.

Un autre moment fort a été l'annonce, par Luc Plamondon, de l'institution du prix Diane Juster - cofondatrice, avec lui, de la SPACQ il y a 34 ans - prix de 10 000$ comme les autres, offert par Fiera Capital, qui sera remis chaque année à un défenseur du droit d'auteur. Et, comme il se doit, Diane Juster a été la première récipiendaire du prix qui porte son nom.

Ginette Reno a raconté comment Diane Juster, «avec ses mains de fée, au piano», lui avait joué Je ne suis qu'une chanson, «le premier saut» de Mme Reno vers la gloire. Puis J'ai besoin de parler, dont Luc Plamondon avait écrit les paroles, et, enfin, Une femme sentimentale que Ginette Reno s'est vue chanter comme Édith Piaf, à la Place des Arts: «Mes bras ne levaient pas à la bonne place...»

Bien envoyés, par ailleurs, les remerciements des jeunes artistes honorés hier (voir la liste plus bas): Sarah Toussaint-Léveillé, Chloé Lacasse, Yao et ceux de Vishten, qui ont pu parler quand Édith Butler, qui vole toujours la vedette, a fini par se taire; ceux de Veeby, qui a raconté comment son père était mort le jour de la fête de la musique: «Y avait-il là un message pour moi?»

Michel Rivard, toujours à point nommé, avait écrit un fort beau texte (de chanson?) - Merci, Verlaine, merci, violon - pour la réception du prix de parolier Luc Plamondon, qui lui a fait le compliment ultime: «Ton écriture est bien écrite»...

Les lauréats

Sarah Toussaint-Léveillé et Chloé Lacasse, donc, ont remporté conjointement le prix Dédé Fortin de la scène émergente, offert par Stingray. La violoncelliste Jorane est la lauréate du prix André Gagnon (Québecor) de la musique instrumentale et le guitariste Michel Cusson, celui du prix Richard Grégoire (Hydro-Québec) de la musique sur images, pour ses trames sonores d'Omertà et d'une trentaine d'autres films et téléséries.

Le jury a décerné le prix Eddie-Marnay (Productions Feeling) pour «l'excellence de l'imaginaire» à Pierre Huet, cofondateur de Beau Dommage et auteur de maints succès de la chanson québécoise, dont Le blues d'la métropole, sur une musique de... Michel Rivard.

L'Ivoirien d'Ottawa Yao et le trio acadien Vishten se sont partagé les 10 000$ du prix de la Francophonie canadienne Édith Butler, remis par Bell Média, tandis que la volubile Acadienne a elle-même remporté le prix François Cousineau de la musique de chansons, offert par Cogeco. La chanteuse d'origine camerounaise Veeby, vedette des récentes Nuits d'Afrique, a reçu quant à elle le prix Éval-Manigat de la chanson multiculturelle (RNC Média).

Le prix Robert Charlebois du rayonnement international, offert par Power Corporation, est allé à la chanteuse Diane Tell, qui continue de faire carrière en Europe.

Les deux prix de couronnement de carrière, finalement, ont été décernés à deux artistes «étrangers» que le Québec a adoptés il y a des décennies. Nanette Workman, Américaine de Brooklyn amenée à Montréal par Tony Roman dans les années 60, a remporté le Prix Lucille Dumont (Industrielle Alliance) pour l'ensemble de sa carrière d'interprète. Le Louisianais Zachary Richard, lui, retourne au Cap Enragé avec le prix Sylvain Lelièvre (Fiera Capital) pour l'ensemble de ses oeuvres d'auteur et de compositeur.

De bons choix qui viennent tous des doigts de fée de Diane Juster...