Il y a 40 ans cette semaine, Bruce Springsteen forgeait sa place sur la scène du rock en lançant son album Born to Run. Voici cinq raisons qui font de cet album une oeuvre marquante pour Springsteen, ses musiciens et ses fans.

FAIRE QUELQUE CHOSE DE GRAND

Born to Run a été créé sous une énorme pression. En 1974, le critique Jon Landau - qui deviendra coréalisateur de l'album en cours de route - avait donné le ton en écrivant: «J'ai vu l'avenir du rock'n'roll et son nom est Bruce Springsteen.» Springsteen et ses compagnons n'avaient pas besoin de ça pour savoir que l'album sur lequel ils travaillaient était critique pour la suite des choses. Born to Run a été créé avec la volonté claire et affirmée de faire un album marquant, un album historique, rien de moins. «Si ça ne fonctionnait pas, c'était évident que cela signifierait la fin de notre rêve de faire des albums», souligne Stevie Van Zandt, guitariste du E Street Band.

UN ALBUM ÉPIQUE

Lors de sa parution à l'été 1975, Born to Run était une drôle de bibitte: huit chansons comme autant de courts métrages qui puisaient davantage dans l'innocence et le romantisme de la musique populaire d'une autre époque que dans le clin d'oeil théâtral du glam rock, l'enflure pompeuse du rock progressif et l'insolence et le no future du punk qu'annonçaient déjà Iggy Pop, les New York Dolls et les Ramones. Pourtant Born to Run ne manquait surtout pas d'ambition. Jungleland, Backstreets et Thunder Road sont encore à ce jour des hymnes dont la force d'évocation demeure intacte, autant dans les textes imagés de Springsteen que dans ses musiques dramatiques.

LE E STREET BAND

Ça se voit sur la pochette devenue classique, où Springsteen prend appui sur le saxophoniste Clarence Clemons. Ça se lit dans les paroles de Tenth Avenue Freeze Out, quand il chante l'arrivée du Big Man (encore Clemons) dans le groupe. Par-dessus tout, ça s'entend dans les chansons, dans le piano de Roy Bittan ou l'inoubliable solo de saxophone de Jungleland. L'album Born to Run a cristallisé le E Street Band avec l'arrivée de Bittan, du batteur Max Weinberg, puis de l'iconique guitariste Stevie Van Zandt, tous membres platine du E Street Band. Le vrai E Street Band, c'est avec Born to Run qu'il est né.

BORN TO RUN, LA CHANSON

Oubliez le succès pourtant planétaire de Born in the U.S.A., Born to Run est LA pièce incontournable du répertoire du Boss. Preuve évidente du perfectionnisme de Springsteen dans l'enregistrement de l'album homonyme, elle a nécessité 6 mois de travail en studio et compte jusqu'à 11 bandes de guitares. Dense, intense, elle est l'hymne du E Street Band en toute occasion, un passage obligé de chaque spectacle. Allez, on part, on sort d'ici, on va là où on veut vraiment aller et ce sera mieux, beaucoup mieux, chante Springsteen. Il ne croyait pas si bien dire.

Paroles de la chanson:

We're gonna get to that place

And we'll walk in the sun

Baby we were born to run

L'IMPACT MÉDIATIQUE

CBS a beaucoup investi dans la promotion de Born to Run, mais personne n'aurait pu prévoir que Springsteen allait faire la une des deux prestigieux hebdomadaires Time et Newsweek le 27 octobre 1975. Le papier du Time était élogieux, mais celui du Newsweek, comble de l'ironie, laissait supposer que Springsteen était une rock star fabriquée par la surenchère médiatique. Qu'importe, Born to Run et son auteur avaient déjà pris leur envol. Critiques dithyrambiques, ventes au-delà des attentes les plus optimistes et une série de concerts mythiques au Bottom Line de New York allaient faire passer Springsteen et Born to Run à l'histoire.