Il aurait pu faire cette première escale au Québec pour chanter, puisqu'il mène maintenant une carrière de chanteur, ou pour parler de la Fondation qu'il a mise sur pied après la mort de sa fille Amy. Mais non, Mitch Winehouse est à Montréal cette semaine pour promouvoir le festival de cirque Vaudreuil-Dorion! La Presse l'a rencontré et discuté du documentaire Amy, qu'il dénonce avec véhémence.

Mettons tout de suite une chose au clair : Mitch Winehouse ne nourrit pas une passion secrète pour le cirque. Outre quelques spectacles sous chapiteau vus à Londres au cours des 30 dernières années, le père d'Amy n'entretient, de son propre aveu, aucun rapport avec le monde du cirque, encore moins avec Vaudreuil-Dorion.  

En revanche, il se décrit comme un véritable «aficionado» de l'oeuvre de Charlie Chaplin. Et comme on sait, le fils de Charlot, Eugène Chaplin, est lié au festival de cirque Vaudreuil-Dorion depuis maintenant quatre ans. C'est lui qui met en scène la compétition de cirque présentée depuis l'an dernier dans un chapiteau qui porte son nom. 

Le hasard a fait que la fille d'Eugène, Kiera Chaplin, est ambassadrice pour la Fondation Amy Winehouse. C'est elle qui l'a convaincu de venir ici!

Aussi étrange que cela puisse paraître, les familles Winehouse et Chaplin seront donc à Vaudreuil-Dorion toute la semaine pour promouvoir une compétition de cirque baptisée «Le grand cirque». Le directeur du festival qui fomente ces «coups», Yannick Gosselin, en a profité pour préparer un numéro qui rendra hommage à la chanteuse morte en 2011 à l'âge de 27 ans. 

Numéro hommage à Amy 

Comme nous l'avions annoncé il y a quelques semaines, le numéro d'environ 5 minutes sera exécuté par une quinzaine d'élèves de l'école de cirque Vaudreuil-Soulanges et du club de gymnastique Gymini. Ils seront accompagnés sur scène d'un choeur (L'Harmonie de la cité-des-jeunes), qui chantera la pièce Valerie d'Amy Winehouse.

Cette chanson reprise du groupe britannique The Zutons, raconte l'histoire d'une femme condamnée pour avoir conduit en état d'ébriété. «C'est drôle, parce que c'est une des chansons qu'on associe beaucoup à Amy, mais c'est l'une des rares qu'elle n'a pas écrite. C'est une très belle pièce sur le plan vocal» se réjouit Mitch Winehouse. 

«Valerie a été le single le plus populaire d'Amy, rappelle son père. Je pense que c'est un bon choix. Amy adorait cette chanson. J'ai encore de la peine quand j'entends ses pièces, mais j'ai hâte de l'entendre chantée par des enfants. Je suis heureux et touché par cet hommage à Amy, interprété par des jeunes.»

Réactions au film d'Asif Kapadia 



Impossible de passer sous silence le film documentaire d'Asif Kapadia, Amy, présenté le mois dernier au Festival de Cannes. Mitch Winehouse s'en est plusieurs fois dissocié, bien qu'il ait participé au projet, arguant qu'il contenait des «allégations mensongères» et qu'il laissait entendre qu'il n'avait «rien fait pour l'aider». 

Le film de Kapadia, qui a aussi réalisé le film Senna sur le coureur automobile brésilien Ayrton Senna, sera projeté à l'Impérial le 4 juillet prochain (dans le cadre du Festival de Jazz), avant de sortir en salles le 10 juillet. 

«De manière générale nous sommes extrêmement déçus du film, laisse-t-il tomber. Le problème avec ce cinéaste, c'est qu'il a fait un documentaire hollywoodien. Il lui fallait un méchant. Tous ceux qui étaient dans la vie d'Amy durant les trois dernières années de sa vie, incluant son amoureux Reg Traviss, ne sont pas dans le film!»

«L'impression que ces trois dernières années étaient une descente aux enfers est fausse, martèle son père. Il y a eu des moments difficiles, mais ce n'était pas une descente aux enfers. Elle buvait encore, mais elle ne prenait plus de drogues. Il y a eu de longues périodes où elle allait vraiment très bien, où elle ne buvait pas.»

Mitch Winehouse n'en démord pas, la mort de sa fille est un accident. «Elle voulait s'en sortir et elle était sur la bonne voie, dit-il. Mais le film donne l'impression qu'elle était laissée à elle-même, que sa famille se foutait d'elle, que nous profitions de sa situation pour nous enrichir, que nous n'avons rien fait. C'est faux.»

Le père de la chanteuse compte rééditer son livre, Amy, ma fille, paru en 2012, pour rajouter des chapitres. Il veut aussi faire un film qui rétablirait les faits. «Nous avons encore beaucoup de matériel vidéo non utilisé. Mais on ne devrait pas avoir à faire ça, peste-t-il. C'était à eux de faire leur travail comme il fallait.»

S'il y avait un élément qu'il aurait aimé voir dans le film, quel serait-il? Mitch Winehouse réfléchit avant de répondre. «Il y a une scène dans le film où Amy chante la chanson Body and Soul avec Tony Bennett, mais ils ont coupé la discussion qui précède cet enregistrement. Ils ne voulaient pas montrer de scènes affectives entre elle et moi.»

«À un moment donné, Tony Bennett lui demande pourquoi elle veut chanter cette chanson, raconte Mitch Winehouse. Elle lui répond : parce que c'est la chanson préférée de mon père. Il lui demande après si elle connaît les paroles. Elle lui répond : mon père me chante cette chanson depuis 25 ans, bien sûr que je connais les paroles! »

«Honnêtement, Amy n'aurait pas approuvé que je sois dépeins comme ça dans ce film, conclut Mitch Winehouse. Quand on est aux prises avec quelqu'un qui a des problèmes de dépendance, tout ce qu'on fait peut être mal perçu. Nous ne sommes pas restés les bras croisés. On l'a aidé, mais ultimement, il fallait qu'Amy s'aide elle aussi. »

Détails et programmation du Festival de cirque Vaudreuil-Dorion: festivaldecirque.com