Pour vivre de sa musique, écrire de bonnes chansons ne suffit plus. Il faut aussi connaître le streaming et être un as des réseaux sociaux. Des artistes bénéficient cette année d'une formation accélérée dans le cadre du Midem, qui s'est ouvert vendredi à Cannes.

Ils viennent des États-Unis, de Grande-Bretagne, d'Allemagne, de Norvège, d'Afrique du Sud. Déjà bien connus pour certains dans leur propre pays, ces chanteurs de soul, de rock ou de pop aspirent maintenant à se faire entendre au-delà de leurs frontières.

Akua Naru, Ghetts, Jeremy Loops, Alfred Hall et les autres, arrivés vendredi au Palais des festivals de Cannes, font partie de la première «promotion» du «Midem Artist Accelerator», la pépinière d'artistes lancée cette année par le salon international de l'industrie musicale.

Star Academy au Midem? «En beaucoup plus business», corrige Delphine Grospiron, responsable des concerts du Midem.

«La Star Academy se cale surtout sur l'aspect artistique, comment se tenir sur scène, comment chanter, etc. Ce n'est pas notre métier. Nous, on se focalise sur la partie professionnelle en accompagnant les artistes mais aussi leur entourage: label, gérant, agent», explique-t-elle à l'AFP.

Un jury de professionnels a sélectionné 14 élus parmi 500 candidatures de 50 pays, avec l'ambition de donner à ces artistes «prêts à s'exporter» quelques clés pour réussir à vivre de leur musique dans un secteur chamboulé par l'explosion numérique.

«L'industrie musicale change énormément, je pense que c'est fondamental de venir au Midem pour comprendre ça», confirme l'un de ces artistes, Timothy Bloom, chanteur californien de 34 ans, qui compte déjà à son actif deux Grammy Awards comme producteur.

«Je suis dans le circuit depuis un moment, mais je continue à chercher les opportunités pour emmener ma carrière au niveau supérieur, ce que beaucoup d'artistes ne prennent pas toujours le temps de faire», explique celui qui a publié à l'automne dernier un premier album mâtiné de R'n'B.

Internet «vital»

Pour Timothy Bloom comme pour les autres, le programme est intense jusqu'à lundi.

Il y aura notamment pour chacun un concert, forcément important dans un salon où sont réunis des centaines de producteurs, agents ou tourneurs. Les artistes enchaîneront aussi les rencontres et ateliers, pour aborder toutes les facettes de leur métier, avec conseils juridiques personnalisés, «media training» et formation à certaines applications et sites incontournables pour gérer sa promotion sur les réseaux sociaux ou diffuser sa musique.

Deezer doit ainsi animer l'un des ateliers pour montrer à ces artistes que les plateformes de streaming ne sont pas seulement des «magasins» de musique en ligne mais désormais un «véritable outil de promotion» qui crée une relation avec les fans, souligne Delphine Ferré, qui s'occupe du marketing des artistes internationaux pour le site français.

«Rien ne remplace le fait de voir des gens en live sur scène, mais pour être présent partout, l'internet est désormais vital», reconnaît Barrie Cadogan, chanteur et guitariste du groupe de rock britannique Little Barrie, qui compte sur son passage au Midem pour trouver de nouveaux territoires à conquérir.

En même temps, «tellement de gens utilisent les réseaux sociaux, il faut trouver sa propre façon de les utiliser et la manière dont ça peut marcher pour vous. C'est ça que j'aimerais apprendre davantage», ajoute cet artiste de 40 ans, également guitariste de studio pour d'autres artistes afin de pouvoir vivre de sa musique.

Pour Christopher Kaskie, fondateur de Pitchfork, magazine musical en ligne de référence, membre du jury, le Midem est lieu parfait pour tester les choses et trouver sa réponse: «Tout est affaire d'expérimentation, il n'y a plus aujourd'hui ''la'' bonne réponse» [pour faire une carrière]. Au-delà de jouer de la bonne musique, je suppose.»