Il a peu de chances d'être un jour nommé négociateur dans le processus de paix au Proche-Orient, mais le DJ allemand Paul van Dyk, une légende de l'électro, estime que sa musique a d'une certaine manière réussi là où la politique a échoué.

The Politics of Dancing 3, nouvel album de cette vedette des platines paru cette semaine, rassemble des artistes du Moyen-Orient, un nouveau témoignage de la façon dont la musique électronique s'est désormais affranchie des frontières.

Paul van Dyk est généralement considéré comme l'un des pionniers du style «trance», bien que lui-même apprécie peu les étiquettes.

Pour ce nouveau disque, traversé de rythmes électros rapides et de mélodies entraînantes, il a attiré en studio à la fois des DJs confirmés et d'autres émergents.

«Ces collaborations ont clairement montré à quel point la musique peut unir», explique le DJ allemand de 43 ans, dans un entretien accordé à l'AFP à New York où il a tenu les platines pendant six heures dans un entrepôt de Brooklyn, avant la sortie du disque.

«Quelqu'un originaire d'Israël ne pourrait jamais aller au Liban et, à coup sûr, s'interrogerait beaucoup avant d'aller en Égypte ou d'autres pays. Musicalement, nous n'avons pas ces frontières», observe l'Allemand qui a passé sa jeunesse à Berlin-Est avant de partir vivre avec sa mère à l'Ouest, à Hambourg, avant la chute du Mur.

Politics of Dancing 3, son septième album studio, inclut ainsi des collaborations avec le duo égyptien Aly & Fila, une révélation de la scène «trance», et, sur un morceau distinct, avec le duo israélien Las Salinas.

Un album cosmopolite 

Paul van Dyk a également travaillé avec le DJ turc Ummet Ozcan et le producteur égyptien Mohamed Ragab et fait appel à la voix de la chanteuse originaire de Singapour Daphne Khoo. Le générique de cet album cosmopolite inclut aussi des producteurs européens.

Les deux premiers volumes de Politics of Dancing publiés par le DJ allemand, en 2001 et 2005, étaient des compilations de mixes (consistant à enchaîner des morceaux existants). Pour ce troisième chapitre, seul un morceau appartient à cette catégorie: un remix de Around the Garden réalisé par le DJ algérien Mino Safy.

Paul van Dyk précise avoir choisi ses collaborateurs pour leur musique. La dimension politique du projet, qui n'était pas voulue, n'est apparue que fortuitement, dit-il. Le musicien allemand souligne toutefois avoir été marqué par la façon dont deux de ses amis, l'un de Tel-Aviv, l'autre de Beyrouth, se sont liés quand ils se sont rencontrés dans un club d'Ibiza, en Espagne.

«Ils ne se seraient jamais rencontrés autrement. Et là, ils se sont juste dit: ''Regarde, on est juste comme n'importe quel autre jeune. Nous voulons une vie saine, paisible. Pourquoi n'est-ce pas possible d'avoir ça dans nos pays qui sont si proches?''» Van Dyk est devenu une vedette de la musique électronique durant les années 1990 et il s'est aussi fait connaître par sa collaboration avec le groupe de rock New Order.

L'inspiration originale de la série des Politics of Dancing ne vient pas du Moyen-Orient, mais de New York, où les autorités ont réprimé la scène florissante des clubs à la fin des années 1990, sous la houlette du maire de l'époque Rudy Giuliani.

«J'essayais d'expliquer que ce n'était pas juste des gens qui s'enivraient et dansaient. C'est une culture de la jeunesse qui unit les gens de tous horizons culturels et religieux», souligne Paul van Dyk, actuellement en tournée aux États-Unis et attendu en Europe cet été.