Vintage Live, le spectacle que Gregory Charles donne à New York jusqu'au 2 mai, portait vraiment bien son nom hier soir. Les chansons que lui demandait ce public qui le découvrait étaient tout ce qu'il y a de plus classique, des airs que tout le monde connaît des Beatles, de Michael Jackson et autres Eagles, mais aussi des choses on ne peut plusvintage comme la chanson-thème de l'émission de télé Golden Girls que s'est mise en bouche l'excellente chanteuse Kim Richardson.

« It's a pretty good crowd for a second show », a chanté Gregory Charles en prenant des libertés tout à fait justifiées avec le Piano Man de Billy Joel. Il devait y avoir de 300 à 400 personnes dans le QUBE portatif qui peut en accueillir 800 que Charles et son équipe ont installé au Pier 97 du Hudson River Park, mais c'était plus que suffisant pour que le touche-à-tout québécois se nourrisse de la réaction de ce public généreux.

Ils ont tapé des mains pendant I Will Survive, chanté deux lignes d'Hotel California et ils se sont levés pour danser pendant le medley de Michael Jackson sur lequel s'est terminée la première partie du spectacle. Après l'entracte, le fana de comédies musicales qu'est Gregory Charles a salué New York à sa façon en enfilant de courts extraits des classiques du genre choisis par le public avant de mettre ce même public au défi de le coincer. En vain.

Gregory Charles étant un parfait inconnu à New York, le public des premières représentations new-yorkaises de ce Vintage Live est presque entièrement composé d'invités. Croisée à l'entracte, Rose, cadre dans une entreprise de technologie, trouvait le concept intéressant.

« C'est bien meilleur que ce à quoi je m'attendais. Il est plein d'énergie et c'est vraiment interactif comparativement aux autres spectacles dans lesquels on prend des demandes spéciales. »

Parmi ses demandes plutôt classiques, Rose avait glissé une chanson moins connue que Gregory Charles n'a pas retenue : The Bottle de Gil Scott-Heron. Mais elle ne semblait surtout pas lui en tenir rigueur. Son amie Diane était elle aussi agréablement surprise : « Avec l'invitation, j'ai pu voir une courte vidéo qui ne donne vraiment pas une idée d'à quel point c'est interactif. Ils devraient en refaire une autre. »

C'est justement le mandat de la compagnie montréalaise Nexalogy, qui essaie de recruter par le biais des réseaux sociaux des spectateurs new-yorkais dont les intérêts recoupent ceux d'un spectacle comme Vintage Live. « En trois jours, cette vidéo a été vue par 20 000 personnes », nous disait avant le spectacle Fady Atallah, de Nexalogy.

Cette soirée réussie a dû faire l'effet d'un baume pour toute l'équipe de Gregory Charles. La première, la veille, avait été marquée par des problèmes techniques. En première partie du spectacle, la console d'éclairage est tombée en panne. Non seulement la scène a été plongée dans l'obscurité pendant quelques minutes mais il a fallu redémarrer tout le système et Gregory Charles a dû improviser le temps que la matrice qui lui transmet les demandes spéciales des spectateurs soit de nouveau en état de fonctionner.

Pourtant, déjà ce soir-là, le directeur de production de Vintage Live, André Ducas, se faisait proposer d'amener le spectacle à Brooklyn ou dans les Hamptons Et le vice-président à la production de Live Nation, le géant du spectacle américain, ne cachait pas son intérêt pour ce drôle de théâtre portatif avec mezzanine que l'on peut agrandir à volonté. Les Américains connaissent la compagnie allemande Lobsberger qui a conçu le QUBE pour Gregory Charles, mais c'est la première fois qu'ils voient de leurs yeux ce théâtre magique que l'artiste et entrepreneur québécois a découvert sur l'internet.

Ce n'est que le début de cette opération new-yorkaise dont l'objectif n'est pas de faire ses frais mais de piquer la curiosité du public et des décideurs du showbiz américain. S'il fallait que le comédien Neil Patrick Harris, animateur du gala des Tony Awards, accepte l'invitation qui lui a été lancée et que la chiropraticienne des Knicks qui était là hier soir convainque les vedettes du basket de venir voir Vintage Live et de propager la bonne nouvelle sur Facebook, Twitter ou Instagram, Gregory Charles aurait de bonnes raisons de sourire.