Un somptueux spectacle en 3D, quatre musiciens figés tels des robots: le collectif Kraftwerk a offert une messe électronique à un public comme hypnotisé lors du premier d'une série de huit concerts jeudi soir à Paris.

Le légendaire groupe allemand Kraftwerk, pionnier de la musique électronique devenu en 40 ans d'avant-gardisme un acteur influent de l'art contemporain, s'est produit devant 1000 spectateurs dans l'auditorium de la Fondation Louis Vuitton qui vient d'ouvrir ses portes.

C'est par l'album Autobahn (1974), premier gros succès qui a ouvert le champ des possibles à la musique électronique sous toutes ses déclinaisons, que le collectif né à Düsseldorf en 1970 a commencé cette série de concerts consacrés à un album par soir, en ordre chronologique.

Les tubes des albums suivants, dont Radio-Activity (1975) ou Tour de France (2003) et même des extraits du 9e album qui sortira l'année prochaine, Music non-stop, ne manquaient cependant pas.

Le quartet ne s'est pas privé non plus de quelques incursions dans le présent en ajoutant Fukushima aux catastrophes nucléaires énumérées dans le morceau Radioaktivität de 1975 et en reprenant Talk, morceau de 2005 du groupe rock britannique Coldplay.

Un parterre d'admirateurs de la première heure, mais aussi de néophytes de l'électro s'est laissé emporter sur les autoroutes d'une Allemagne virtuelle, dans l'espace, dans le ventre de machines et robots grâce à de somptueux visuels 3D.

Figés derrière leurs consoles, les quatre musiciens ont offert une performance audiovisuelle unique à un public immobile, lunettes 3D chaussées et nez levé vers l'écran géant, qui n'a brisé son silence quasi religieux que pour applaudir entre les morceaux.

C'est par un sobre «Gute Nacht, auf Wiedersehen. Bonne nuit, à demain» que Ralf Hütter, dernier membre originel, a congédié le public au bout de deux heures.

Pour cette ambitieuse tournée mondiale, initiée en 2012, le groupe s'est déjà produit au MoMA de New York, à la Tate Modern Gallery de Londres, à l'Akasaka Blitz de Tokyo ou encore à l'Opera House de Sydney.

Le collectif se produira jusqu'au 14 novembre à la Fondation Louis Vuitton, nouveau haut lieu culturel de la capitale.

Photo DOMINIQUE FAGET, AFP