L'auteur compositeur français Benjamin Biolay est un chanteur sachant aussi faire (bien) chanter les autres. Après Vanessa Paradis et CharlElie Couture, le producteur le plus recherché du moment accompagne les premiers pas dans la chanson de la violoniste Karen Brunon.

Pour se muer en chanteuse pop après avoir manié l'archet pendant des années derrière des vedettes, Laurent Voulzy, Charles Aznavour, Étienne Daho, Damon Albarn et tant d'autres, Karen Brunon ne voyait «personne d'autre» pour réaliser La fille idéale, son élégant premier album qui sort lundi.

Benjamin Biolay et Karen Brunon se connaissent depuis l'adolescence et le conservatoire à Lyon. En 1999, ils ont même fondé un éphémère groupe commun, Shelby, en compagnie d'une troisième complice, Keren Ann. Une fois prête à chanter, c'est donc naturellement qu'elle a fait appel à Biolay qui, au-delà de son succès comme chanteur depuis La superbe en 2009, s'est aussi imposé comme un maître du studio.

Son premier fait d'armes, en collaboration avec Keren Ann, fut le frais Jardin d'hiver qui remit au goût du jour Henri Salvador en 2000.

En parallèle à sa riche carrière solo, avec six albums studio à ce jour de Rose Kennedy (2001) au dernier Vengeance (2012), «BB» n'a cessé depuis de mettre sa plume d'auteur et ses talents de producteur au service des autres, de Juliette Greco à Elodie Frégé en passant par Isabelle Boulay ou Julien Clerc.

«Il est musicien jusqu'au bout des ongles, un surdoué avec qui il n'y a pas besoin de beaucoup parler», explique à l'AFP Julien Clerc, qui dit avoir «beaucoup aimé sa façon de travailler» lors de leur collaboration en 2008 pour l'album Où s'en vont les avions?.

«Il a un côté touche-à-tout, avec une oreille formidable», ajoute-t-il au sujet d'un musicien à l'aise sur tous les instruments, gros travailleur, et qui a surtout le don de transformer en succès commercial les musiques qui lui passent entre les doigts.

Virtuose pour Vanessa Paradis

Cela a encore été le cas en 2013 quand il a offert à Vanessa Paradis un double album virtuose, Love Songs, qui a encore propulsé dans une nouvelle dimension l'ex-Lolita de la chanson française, plus de vingt ans après les Variations sur le même t'aime de Serge Gainsbourg.

Même sans nouveau disque, Biolay a encore été très présent dans la rentrée discographique avec le très beau ImMortel ciselé pour CharlElie Couture. «Il sait arrondir les angles, rendre plus universelles des choses que je fais d'une manière trop marquée», avait souligné le chanteur en rendant hommage aux arrangements d'orfèvre de Biolay.

On peut aussi le voir ces jours-ci dans un nouveau clip avec la chanteuse Daphné et il est indirectement présent sur le nouvel album de sa soeur, Coralie Clément, paru début octobre. Celle-ci, si elle n'a cette fois pas fait appel aux services de son frère, aux manettes de ses trois premiers disques, ne l'a pas oublié en reprenant l'un de ses titres, À la longue.

Un tel palmarès avait sans doute de quoi impressionner Karen Brunon, réelle débutante dans la chanson en dépit de ses centaines de concerts comme violoniste. «Au contraire, ça m'a porté», répond la chanteuse de 39 ans, à qui Benjamin Biolay a offert une poignée de textes et de musiques mais aussi ses talents de programmateur et quelques notes de trombone et de piano.

«C'est le plus cadeau qu'il pouvait me faire, mais il fallait quand même venir avec un projet», précise Karen Brunon, qui signe tout de même la plupart des musiques de ce disque très agréable qui fait la part belle aux ambiances acoustiques et bien sûr aux cordes.

Quant à la voix, elle affiche déjà une belle assurance alors que cette «fille idéale» ne fera ses premiers pas sur scène qu'en novembre, en première partie d'un autre complice de longue date, Calogero, notamment à Paris/Bercy le 22 novembre.