Après Pierre Lapointe, ce sera au tour de Martha Wainwright de se mesurer à cette étonnante bête musicale qu'est l'orgue à tuyaux, en donnant le coup d'envoi du Concours international d'orgue du Canada (CIOC) à l'Église unie Saint-James, dans quelques semaines.

En entrant dans l'église, située rue Sainte-Catherine, on est saisi par la présence de l'instrument, un Wadsworth & Bros de 1889. Il a la particularité d'être l'un des rares orgues à tuyaux situés à l'avant du lieu de culte, dans le choeur, au lieu d'être placé en haut à l'arrière. Le contraste n'en est que plus frappant avec la chanteuse, qui semble toute petite à côté de lui avec sa guitare.

C'est justement parce que l'orgue de Saint-James est situé à l'avant que le CIOC a choisi cette église pour son concert. Ainsi, tous les spectateurs pourront admirer le spectacle sans se tordre le cou. Mercredi soir dernier, Martha Wainwright répétait pour la première fois avec les organistes Jean-Willy Kunz et Christian Lane, deux anciens lauréats du CIOC. C'est ce même Jean-Willy Kunz qui accompagnait Pierre Lapointe à l'orgue de la Maison symphonique pour un concert de la Virée classique, cet été. Au moment de notre visite, les trois musiciens en étaient à choisir leur répertoire.

«C'est très facile de choisir les chansons, parce que les deux organistes sont d'excellents musiciens et que c'est un instrument qui couvre énormément de styles et de sonorités. Je ne me sentirai pas seule!» dit la chanteuse.

Elle chantera quelques pièces de son dernier album, dont Proserpina, la dernière chanson écrite par sa mère, la regrettée Kate McGarrigle.

«Je vais également vers quelques airs plus classiques, par exemple de Vaughan Williams et d'Érik Satie, ainsi qu'un peu de jazz. Et aussi quelques chansons des Soeurs McGarrigle et d'Édith Piaf. Ce sera un vrai mélange des genres.»

Elle jouera également de la guitare. «J'aime jouer avec les autres musiciens, c'est comme ça qu'on arrive à entrer dans la chanson et dans le rythme.»

Quelques pièces d'orgue très accessibles sont aussi prévues au programme.

Sortir de sa zone de confort

Avant d'accepter l'invitation du CIOC, Martha Wainwright avait une perception de l'orgue que partagent bien des gens: celui d'un instrument d'église.

«Mais aussi, une perception de drame, comme cet air-là (elle chantonne les premières notes de la célèbre Toccata et fugue en ré mineur de Bach) et pour moi, c'est parfait, car mes chansons sont souvent très dramatiques. Pour moi, c'est une bonne association.»

Celle qui a grandi dans la musique folk affirme écouter aujourd'hui davantage de classique que de populaire.

«J'aime écouter des choses que je ne sais pas faire, dit-elle. Une des chansons qu'on aurait voulu essayer, c'est un air de l'opéra Manon Lescaut qui s'intitule Adieu notre petite table. Mais c'est trop difficile. Pas seulement parce que c'est très aigu, mais parce qu'il faut vraiment arriver à raconter l'histoire qui est dans cette chanson.»

Contrairement à Jean-Willy Kunz, qui a étudié le jazz pendant des années, Christian Lane, lauréat du premier prix au CIOC en 2011, participe pour la première fois à un projet du genre.

«J'adore l'idée de pousser l'orgue en dehors de sa zone de confort, dit Lane. C'est un instrument si versatile. On l'associe à des fonctions très limitées alors qu'il peut faire bien plus. Je crois que ça va très bien fonctionner, en particulier la combinaison avec la guitare acoustique de Martha. La guitare produit des sons courts, tandis que l'orgue peut tenir les sons très longtemps. Les deux instruments se complètent.»

Le CIOC

Le Concours international d'orgue du Canada a lieu aux trois ans et en est à sa troisième mouture. Du 7 au 19 octobre, 16 jeunes candidats de 8 pays se disputeront 70 000 $ en prix. Les trois épreuves, devant public, se dérouleront dans les églises Immaculée-Conception et Saint-Jean-Baptiste et à la basilique Notre-Dame. D'autres concerts, dont un concert-gala des lauréats à la Maison symphonique, des conférences et des visites d'orgue sont aussi au programme, pour une quarantaine d'activités en tout.

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Martha Wainwright au concert d'ouverture, 7 octobre, Église unie Saint-James, 20 h