La star belge Stromae a électrisé vendredi soir le public des Eurockéennes de Belfort, au premier jour du festival marqué par les actions revendicatives des intermittents du spectacle, qui n'ont toutefois pas fait grève.

Chandail classique sur chemise blanche et noeud papillon, Stromae s'est présenté devant un public survolté, prêt à braver la pluie battante. Le chanteur, qui était déjà venu à Belfort en 2011, a transformé le site du Malsaucy en discothèque géante, où le public a repris en choeur la plupart de ses tubes.

En fin de soirée, c'est le Français Bertrand Cantat, ancien chanteur de Noir Désir, qui devait se produire avec sa nouvelle formation, Detroit.

La scène britannique était bien représentée également à Belfort, avec le groupe pop Metronomy, la rockeuse Findlay et le pianiste anglais d'origine ghanéenne Benjamin Clementine, 24 ans.

Seul avec son piano à queue, ce dernier a envouté la scène lacustre de la plage. Son timbre grave et puissant s'est élevé au-dessus des eaux du lac du Malsaucy, accompagné par  la mélodie de l'instrument, devant un public conquis.

En fin d'après-midi, c'est le jeune groupe français Mofo Party Plan qui avait ouvert les festivités. Pour son premier festival d'été, ce quatuor masculin a martelé ses rythmes énergiques devant les premiers festivaliers. Puis la grande scène du festival a été inaugurée par l'échalas canadien Reignwolf, et par les légendaires Pixies, qui ont reformé en 2004 leur groupe de rock alternatif.

Des pluies importantes se sont abattues sur le festival belfortain, alors que des éclairs zébraient le ciel. Le département  du Territoire-de-Belfort avait été placé par Météo France en alerte orange pour risques d'orages violents.

Le risque de grève, pour cause de colère des intermittents du spectacle, a en revanche été écarté. Il est vrai que les organisateurs du festival soutiennent clairement les protestataires, au pont de revendiquer un «festival militant».

Malgré le préavis de grève national déposé par la CGT Spectacle pour le mois de juillet, les intermittents du festival belfortain avaient en effet voté jeudi contre la grève.

Vendredi, ils ont tenu cependant à exprimer leurs revendications devant les festivaliers: ils arboraient un t-shirt noir marqué d'une croix blanche, symbole de leur mouvement de lutte contre la nouvelle convention d'assurance chômage réformant leur statut, et de l'inscription «Soutien aux intermittents - CIP (Coordination des intermittents et précaires) Franche-Comté».

À minuit, un temps mort de cinq minutes a été observé sur les quatre scènes du festival, pour permettre à des porte-paroles du mouvement de venir expliquer leurs revendications au public.

«Aux Eurockéennes, il y a toujours au moins une scène qui joue. Là, symboliquement il n'y a eu aucune scène qui a joué pendant cinq minutes, en soutien aux intermittents», a souligné le directeur du festival Jean-Paul Roland.

Avant le concert de Stromae, le chanteur franc-comtois Aldebert, via un clip vidéo diffusé sur les écrans géants, avait pris fait et cause pour les intermittents, en expliquant leur statut et les conséquences de la réforme.

Des tracts en anglais et en français ont également été distribués dans les loges des artistes pour expliquer la situation et les troupes de théâtre de rue devaient intégrer la problématique à leurs spectacles, a indiqué l'organisation.

La CIP Franche-Comté tient par ailleurs un stand pour expliquer le mouvement et l'impact de la réforme sur les techniciens et les artistes.