Ginette Reno avait donné rendez-vous à son public hier soir pour une série de trois concerts à la salle Wilfrid-Pelletier qui marquera la fin de sa grande tournée Chanter pour toi ce soir entamée l'an dernier.

La chanteuse était d'ailleurs de l'ouverture de la salle il y a 51 ans. « J'avais 17 ans, j'étais là. Ç'a été un grand moment pour moi », a-t-elle dit aux spectateurs qui ont eux aussi passé toute une soirée !

La grande dame de la chanson québécoise a comme à son habitude tout donné sur scène, chantant toujours comme si elle ignorait si elle en serait encore capable demain.

Il était normal pour la diva de commencer la soirée avec l'un des plus gros succès de son dernier album, La musique en moi, devant un public déjà debout pour accueillir son idole dès les premières notes des 11 musiciens, dont un quatuor à cordes, sous la direction musicale sans faux pas de son fils Pascalin Charbonneau.

Une performance vocale et musicale absolument magnifique, presque aussi parfaite qu'une bande enregistrée en studio. Pas de doute, Ginette a bien la musique en elle !

Elle a ensuite effectué un petit voyage dans le temps pour remonter 30 ans plus tôt avec J'ai besoin d'un ami dans une version soul tout à fait réussie.

Ginette, énergique, danse sur scène sur l'air de Tu es là et s'adresse avec humour au public tout au long de sa performance.

« J'ai commencé à chanter à 13 ans dans des concours dont le grand prix était de 20 $ », lance-t-elle avant de chanter Granada, la chanson qui lui portait chance à l'époque. On la déclare gagnante à coup sûr, tant elle tient la note de manière extraordinaire !

« J'ai endisqué 850 chansons en carrière. Des fois, j'entends des tounes à la radio et je ne sais pas que c'est moi », a-t-elle dit, invitant son saxophoniste à ses côtés et sortant son boa pour Vanita.

La chanteuse décide ensuite de nous emmener sur la route, au moment où elle a entendu Feelings pour la première fois. « J'ai dû me mettre sur l'accotement, car je pleurais comme une femme », raconte Ginette, en offrant une interprétation magistrale et touchante.

Ce qui bluffe le plus chez la diva, c'est la manière qu'elle a de donner l'impression de vivre chacun des mots qu'elle chante. Elle évoquera notamment au cours de la soirée sa crise cardiaque survenue en février dernier. « Plus on se rapproche de la mort, plus on a envie de vivre », a-t-elle lancé, dédiant Ceux qui s'en vont aux personnes en deuil.

La grande dame a choisi de rendre un bel hommage à sa mère, avec qui elle dit avoir eu une relation difficile, en interprétantChanter pour toi.

Ginette n'a pas manqué de faire lever la salle à de nombreuses reprises, mais c'est son medley d'incontournables qui a le plus séduit, de Je t'offrirai à Ma mère chantait toujours (que le public chante avec elle), en passant par LeoloT'es mon amour, t'es ma maîtresse (toujours aussi magnifique), et bien sûr Un peu plus haut, un peu plus loin.

La seconde partie de soirée sera plus sobre, s'amorçant sur Quand on se donne puis Aimer encore une fois.

Petit virage blues apprécié en reprenant Let Your Feet Down, qui prouve une fois de plus que la chanteuse est capable de puiser dans tous les registres.

Les grands classiques s'enchaînent - L'essentielFais-moi la tendresse - , pour finir avec l'incontournable Je ne suis qu'une chanson.

« Ce soir, je n'ai rien voulu vous cacher, pas un secret j'ai su garder, comme si ça ne se voyait pas, que j'avais besoin de parler de moi », finit d'interpréter a cappella et sans micro Ginette Reno.

Si son fils lui a rappelé un peu plus tôt qu'elle a déjà eu la plus longue ovation du Québec sur les Plaines, elle aura certainement vécu l'une de ses plus belles à la salle Wilfrid-Pelletier hier soir.

Ginette a ouvert grandes les portes de son univers, de son histoire et de sa famille sur scène, badinant avec son fils et confiant des anecdotes touchantes.

On sent sans cesse l'amour qu'elle porte à son art et à son public et on reste bouche bée devant la puissance de sa voix, qui se déploie sans effort ni trop d'artifices. Simplement belle.

Son public, indéfectible depuis 55 ans, a peut-être assisté, ce week-end, à sa dernière tournée. Mais on préfère ne pas y croire...