Aznavour avait bien prévenu: «J'ai arrêté de fêter mon anniversaire à 50 ans». Et «la salle de Berlin était libre ce jeudi soir, c'est un hasard».

À part un début d'Happy Birthday chanté par le public à son entrée sur scène, et une douzaine de bouquets, le 90e anniversaire de Charles Aznavour, dernier «grand» de la chanson française, fut donc, comme il le voulait, «une journée normale de travail».

«J'ai la voix que j'avais lorsque j'avais 20 ans», lance-t-il en guise d'introduction. «Or j'ai plus de quatre fois vingt ans. Et on me disait que j'avais une voix exécrable à l'époque!»

Avec cette pirouette il présente à l'avance ses excuses pour une voix qui a évidemment du mal à atteindre les notes un peu hautes.

Le public de l'O2 World, quelque 4000 personnes généralement plus jeunes que lui et qui connaissent ses chansons par coeur, pardonne tout d'avance.

Son énergie est intacte pour attaquer le spectacle avec sa chanson hommage, Les immigrants, mais la soirée est ensuite plus nostalgique: I didn't see the time go by, La jeunesse, Il faut savoir, Les plaisirs démodés, La bohême...

Son jeu de scène, traditionnellement épuré, est encore un peu plus minimaliste.

Le seul titre bénéficiant d'une présentation un peu longue sera Comme ils disent, sa défense de l'homosexualité qui il y a plus de 40 ans fut un des sujets de société avec lesquels il dit fièrement avoir «choqué en France».

Pendant une heure et demie le rythme faiblit peu, malgré un pépin dans Emmenez-moi que tout son métier ne lui permet pas de masquer: trou de mémoire. «Je vais dire la vérité», explique-t-il, motié en français moitié en anglais «J'ai un prompteur. Je ne suis pas le seul, mais moi je le dis. Jusqu'à présent je n'avait pas eu de problème, mais là, j'ai un problème».

Il fait participer son public, ravi: «comme à la télé, on recommence».

Ce jeudi-soir Aznavour offrira même un rappel, ce qu'il dit n'avoir fait qu'une seule autre fois en 70 ans de carrière, à Jérusalem.

Ce qui donnera un final un peu déroutant, le public reprenant en coeur: «Elle va mourir, la Mama...»