Francis d'Octobre qualifie son nouvel opus, Le commun des immortels, d'album clair-obscur. L'auteur-compositeur-interprète ne regrette pas d'avoir passé 10 ans à accompagner d'autres artistes, mais il est plus que jamais convaincu d'avoir trouvé sa place.

Francis d'Octobre ne s'en cache pas: Une vie de funambule, qui clôt son deuxième album, est une chanson autobiographique. «C'est vraiment moi dans le fond», dit-il de cette chanson dans laquelle il chante des choses comme «j'ai pas pris le plus facile des chemins» ou encore «j'avance un pied à la fois, je reste toujours bien droit». Une chanson «qui apaise un disque qui tend parfois vers le lourd» et dans laquelle se reconnaît l'artiste trentenaire.

«Quand on fait un disque, on ne sait jamais si on va en faire un autre, explique-t-il. J'avais envie de dire que ce métier-là n'est pas évident mais que j'aime ce que je fais.»

Comme l'indique le titre Le commun des immortels, Francis d'Octobre aime bien jouer avec les mots et les expressions pour en détourner le sens. Ses textes, mieux ramassés que sur son premier essai, ne sont pas précisément transparents, sauf peut-être sur des chansons comme Jouets de guerre, inspirée d'une vidéo virale troublante montrant une petite Syrienne, et Règne animal, au propos plus défaitiste que la moyenne. Ainsi, Noir, qui porte sur la dépression, trouve sa rédemption dans une musique accrocheuse qui tient du ver d'oreille.

Mais Le commun des immortels n'est pas qu'une pirouette pour Francis d'Octobre. La chanson du même nom lui a été inspirée par la photo de la pochette, qui montre la famille de sa mère et de son grand-père mort à 91 ans, et par un voyage à l'île d'Orléans d'où sont originaires les Roberge, du côté de son père.

«Mon père m'a parlé des vieux cousins et cousines, de l'arrière-grand-père et j'ai voyagé un peu dans le temps», explique celui qui a adopté le nom de scène Francis d'Octobre pour se démarquer de Francis Roberge, le musicien qui accompagnait les autres.

Il poursuit: «Dans la tête de mon père, ces gens-là existaient toujours. Le commun des immortels, c'est un legs, c'est ce qu'on laisse, mais le commun, c'est aussi la personne ordinaire. Tous les gens sur cette photo ont leur histoire, et ils ont tous laissé quelque chose.»

Un disque de jeune adulte

Le commun des immortels est moins pop-rock que le précédent, Ma bête fragile. Son créateur parle d'un disque de «jeune adulte» par opposition au premier qui en était un «d'adolescent, très excitant». La plupart des chansons y sont plus dépouillées et on y entend des cuivres et des cordes qui ajoutent des couleurs sans en être nécessairement les locomotives. Francis d'Octobre est fier de cela, lui qui craignait la surcharge.

Le musicien en lui se fait très discret, laissant cette responsabilité au réalisateur Jeannot Bournival et à son équipe. Il tâte des percussions çà et là et ajoute un peu de vibraphone dans la chanson Ma plénitude.

«C'est un choix, dit-il sans hésiter. Sur mon premier disque, j'ai joué de tout, mais, cette fois, je voulais lâcher prise. Chanter et écrire des textes, c'est déjà de la job.

«C'est aussi un disque de piano, poursuit-il. Je ne suis pas pianiste, mais je me suis mis à jouer les tounes au piano, ce qui n'était vraiment pas prémédité.»

Autre changement, Francis d'Octobre fait désormais partie de l'écurie de La Tribu où il retrouve les Cowboys Fringants, Dumas et autres Trois Accords: «Moi, ce que j'aime, c'est écrire des chansons. J'ai juste besoin d'une équipe qui m'épaule.»

Cette nouvelle alliance devrait lui donner une visibilité accrue. «J'ai fait beaucoup de spectacles avec mon premier disque, mais je n'ai pas fait les bons spectacles, dit-il en riant. J'ai fait beaucoup de "gigs" de plombier sur un plywood au milieu d'un parc. Je ne veux rien enlever à mon ancien agent qui a fait un super job, mais je veux faire un peu moins de spectacles et être au bon endroit au bon moment.»

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