Encensé par George Clinton, filmé par Spike Lee, FFF avait mis la France sur la carte mondiale du funk dans les années 90. Treize ans après sa séparation et en plein retour du genre, le groupe se reforme.

«Pour le moment, on n'a pas de maison de disques, on n'a pas une thune, juste nos sourires et nos couteaux. C'est une très belle parenthèse, je pense qu'on a de la chance», s'enthousiasme le chanteur du groupe Marco Prince.

Au tout début des années 90, l'aventure de la Fédération Française de Fonck (FFF), dont les quatre membres ont aujourd'hui autour de la cinquantaine, a commencé sur les chapeaux de roue.

Avec un mélange de rock, de funk, de rap et de reggae alors inédit en France, le groupe s'est rapidement taillé une solide réputation sur scène.

Les petits Français sont parvenus à se faire repérer par George Clinton, le roi du funk américain et par Spike Lee, qui a réalisé un de leurs clips.

Leurs trois premiers albums se sont vendus à des dizaines de milliers d'exemplaires. Mais en 2001 l'histoire s'est brutalement interrompue.

«Ça commençait à tourner à vide, chacun est parti dans une direction différente, même s'il n'y a pas vraiment eu de moment où on s'est dit «c'est fini»», raconte le bassiste Nicolas Baby.

En 2007, le groupe s'est retrouvé une première fois pour un concert exceptionnel. Nicolas Baby n'avait pas touché de basse depuis sept ans, certains se revoyaient pour la première fois.

«Ça a été un choc émotionnel intense. Ça a réveillé quelque chose. Mais chacun était embarqué dans des trucs», se souvient le bassiste.

Lui-même a composé pour le théâtre et le cinéma. Le batteur Krichou Montieux s'est installé à Barcelone avec sa famille. Quant au guitariste Yarol Poupaud, il est devenu depuis 2012 le directeur musical de la star du rock français, Johnny Hallyday.

Il a fallu un concert caritatif au profit du Secours Populaire, fin 2013 à Paris, pour que le retour de FFF se concrétise.

«On propose juste de la joie»

Ce printemps, le groupe vient d'entamer une mini-tournée, dont les deux dates parisiennes les 26 et 27 mars ont rapidement affiché complet.

Cet été, ils seront à l'affiche de nombreux festivals, face à un public souvent trop jeune pour les avoir déjà vus sur scène.

«On reprend tout à zéro, confirme Nicolas Baby. C'est excitant d'avoir sauté une génération et de recommencer ce truc des débuts et qu'on avait complètement oublié, parce qu'au bout de deux-trois ans, on avait déjà notre public».

«On se retrouve dans la même position qu'à 20 ans quand on a décidé de tout lâcher pour la musique», confirme Marco Prince.

FFF fourmille de projets: enregistrer chez des amis en Italie et au Mali, donner un concert acoustique sur le modèle de celui que le groupe devait enregistrer pour MTV en 1994 - annulé en raison de la mort de Kurt Cobain - et bien sûr composer un album.

La reformation de FFF coïncide avec un retour du funk, remis à l'honneur par Daft Punk et Pharrell Williams et une multitude de jeunes artistes qui s'inspirent du disco et autres musiques afroaméricaines des années 70-80.

«Quand on a 20 ans aujourd'hui, malheureusement, les perspectives ne sont pas réjouissantes. Je pense qu'il y a un besoin de musique qui va vers une élévation, un certain optimisme», estime Marco Prince.

«Avec FFF, on propose juste de la joie. Aujourd'hui dans la musique, on dit que c'est l'acte vivant qui prime. L'acte vivant c'est notre truc», ajoute-t-il.

«Quand on s'est séparé, on n'était pas entré dans le panthéon des groupes internationaux, mais on en n'était pas loin du tout. Notre histoire n'était pas finie», renchérit Nicolas Daby.