Si les revenus de la musique ont reculé de près de 4% en 2013 dans le monde, le streaming a le vent en poupe et porte, après le téléchargement légal, les espoirs de toute une industrie, selon un rapport publié mardi à Londres.

Après la bonne nouvelle de 2012, quand les grands labels avaient vu leur chiffre d'affaires se stabiliser à l'issue de treize années de recul, 2013 marque de nouveau une baisse sensible, de l'ordre de 3,9%, soit l'équivalent de 10,8 milliards d'euros, indique dans son rapport annuel la Fédération internationale de l'industrie phonographique (IFPI).

Mais l'exercice est en grande partie plombé par les mauvais résultats du Japon, en chute libre de 16,7%. Si on enlève les pertes de l'archipel nippon, deuxième marché mondial, le recul n'est que de 0,1% à l'échelle mondiale.

«Le Japon a un impact négatif conséquent sur un tableau qui est par ailleurs largement positif», résume Frances Moore, la présidente de l'IFPI, dont le rapport montre que les habitudes des consommateurs continuent à évoluer.

Le marché du format «physique» (ventes de disque, etc.) résiste. Mais il ne représente plus que 51,4% des revenus, contre 56,1% en 2012, malgré un rebond de 0,8% en France et la progression confirmée du vieux vinyle aux États-Unis et surtout au Royaume-Uni (+101%).

Les revenus issus du numérique, quant à eux, représentent désormais 39% des revenus totaux de la musique, une progression de 4,3 %, soit 4,2 milliards d'euros, par rapport à 2012.

Le téléchargement se taille toujours la part du lion (67%), mais c'est le streaming financé par abonnement ou par la publicité qui est de loin le plus dynamique.

Marginal il y a cinq ans encore, il représente désormais 27% des parts de marché de la musique numérique. «Ça devient un modèle majeur. En 2010, on comptait huit millions d'abonnés, aujourd'hui ils sont 28 millions», souligne Frances Moore.

Spotify et Deezer, les deux pionniers du streaming, ont ainsi dépassé pour la première fois le milliard de dollars de chiffre d'affaires et l'IFPI constate la prolifération de services du même genre, dont le nombre est évalué à 450 désormais.

«Contrairement à ce qui se passe avec les produits physiques, nous pouvons joindre tout le monde aux quatre coins de la planète, du moins ceux qui possèdent un smartphone. Cela ouvre des perspectives énormes dans les pays en voie de développement dont certains ont zappé le déploiement de lignes fixes pour s'orienter directement vers le sans fil», explique Ken Parks, responsable du contenu à Spotify.

Une analyse confortée par le rapport de l'IFPI qui constate des taux de croissance exponentiels sur le numérique dans certains pays d'Amérique latine comme la Colombie et le Venezuela (+85%) et surtout le Pérou (+149%).

La tendance est telle que l'IFPI écrit que «beaucoup de consommateurs semblent délaisser les services de piratage au profit d'un environnement sous licence qui rémunère les artistes et les détenteurs de droits». Et de citer une étude suédoise de 2013 qui conclut que neuf utilisateurs de Spotify sur dix étaient moins enclins au téléchargement illégal, soulevant l'espoir d'un modèle pérenne et rémunérateur pour l'ensemble du secteur.