Win et Will Butler, d'Arcade Fire, ne sont pas des frères comme les autres.

Bien sûr, comme tous les frères, ils ont passé leur enfance à se disputer. Mais ils ont vite découvert une chose qui a influencé le reste de leur vie en tant que partenaires créatifs au coeur du populaire groupe montréalais.

«J'ai quitté la maison à l'âge de 15 ans pour aller au pensionnat. Je revenais l'été et j'ai commencé à réaliser qu'il était la seule personne au monde à qui je pouvais m'identifier, raconte Win Butler, âgé de 33 ans. Il n'y a pas beaucoup de personnes dans le monde avec qui on partage exactement les mêmes influences. Nous avons donc développé une sorte de langage qui fait en sorte qu'il est vraiment facile pour nous de travailler ensemble.»

«Cela ne signifie pas que nous voyons toujours les choses de manière identique, a précisé son frère de 31 ans. Mais ça veut dire que, certainement dans nos projets artistiques, nous avons un peu plus d'empathie et de compassion l'un pour l'autre parce que nous savons d'où nous venons. Et nous avons tendance à être d'accord plus souvent que ne le sont deux musiciens au hasard.»

Cette relation est au coeur du succès et de la créativité d'Arcade Fire, qui vit actuellement une période intense amenant le groupe à se déplacer d'un continent à l'autre.

En trois semaines, le groupe aura joué dans un défilé du Mardi gras à La Nouvelle-Orléans, au Tonight Show et à Haïti avant de revenir à Montréal pour deux jours le temps de faire ses valises en prévision d'un séjour à Los Angeles pour la soirée des Oscars, où le groupe est en lice pour le prix de la meilleure trame sonore pour le film Her (Elle).

«Normalement, lorsque je reviens d'Haïti, je regarde les lignes électriques, les rues, les panneaux de circulation et je me dis: «Wow, vois toute cette infrastructure!», raconte Win Butler. Je suis un peu dans un brouillard les premiers jours quand je reviens en Amérique du Nord. Mais passer d'Haïti au ventre de la bête (aux Oscars) sera quelque chose qui me dépassera.»

Après la soirée, le groupe se rendra directement à Louisville, dans le Kentucky, pour des répétitions et le lancement de sa tournée nord-américaine, qui sera entrecoupée de quelques concerts dans des festivals européens. Pour ajouter au chaos, Win Butler et son épouse Régine Chassagne sont récemment devenus les parents d'un fils.

Les musiciens d'Arcade Fire ont commencé à travailler sur l'album Reflektor et le film de Spike Jonze en parallèle. L'album contient même une chanson proposée pour la trame sonore, mais qui n'a finalement pas été sélectionnée.

Le travail sur Her a commencé lorsque Win Butler et Chassagne ont séjourné chez Jones, leur ami et collaborateur de longue date, à Los Angeles, alors que le scénario du film en était à ses balbutiements. Ils se sont échangé des histoires et des idées musicales en lien avec l'univers créé par Jonze dans le film au sujet de l'amour d'un homme pour un système d'exploitation à l'intelligence artificielle. Rapidement, ils en sont venus à la conclusion qu'ils devaient collaborer pour la musique.

Alors que les deux projets en arrivaient à leur conclusion, Will Butler s'est acquitté des tâches de superviseur pour la trame sonore, travaillant avec Jonze et l'un des collaborateurs fréquents du groupe, Owen Pallett. D'un côté, les membres du groupe travaillaient ensemble vers une vision commune. De l'autre côté, ils étaient des contracteurs tentant de répondre aux demandes de Jonze.

«C'était donc très, très différent, explique Will Butler. Il y a beaucoup moins de batterie et beaucoup moins de voix sur la trame sonore. Et notre groupe est très bon pour ce qui est de la batterie et des voix.»