L'auteure, compositrice et interprète Angèle Arsenault est morte mardi à Saint-Sauveur, emportée par le cancer à l'âge de 70 ans.

Née le 1er octobre 1943 à Village-des-Abrams, dans l'Île-du-Prince-Édouard, elle a commencé à faire sa marque dans le folklore acadien à Moncton, où elle étudiait avec une autre future vedette de la chanson...

«Nous étions toutes deux pensionnaires au collège Notre-Dame d'Acadie», nous disait hier la chanteuse Édith Butler, très ébranlée par la mort de son amie, dont la nouvelle lui est arrivée comme une surprise. «Elle était allée donner des spectacles en France l'été dernier et elle en était revenue affaiblie; elle croyait à un virus quelconque, mais elle avait pris du mieux. Sa mort me surprend beaucoup...»

Pendant des années, les deux chanteuses se sont côtoyées sans jamais former un duo. «Au collège, on a commencé à donner des spectacles pour les filles. Angèle jouait très bien de la guitare et du piano. On s'est suivies à l'Université de Moncton puis à l'Université Laval, où nous étudiions toutes les deux en littérature et en ethnologie. On chantait chacune nos affaires à la Résille, la boîte à chansons de l'université, au Chantauteuil dans le Vieux-Québec, Aux Deux Guitares...»

L'époque des boîtes à chansons

Arrivée à Montréal en 1963, Angèle Arsenault a continué à travailler dans les boîtes à chansons, puis a commencé à faire des tournées au Canada, où elle chantait dans les deux langues officielles. Au début des années 70, elle faisait aussi de la télévision à TV Ontario, animant tour à tour True North et l'émission éducative Avec Angèle (1973).

Elle a enregistré ses premières chansons originales en 1975, sous l'étiquette SPPS (Société de production et de programmation de spectacles), qu'elle a fondée avec Édith Butler, Lise Aubut et Jacqueline Lemay. Les chansons légères sinon humoristiques des albums Première et Libre tournent bientôt dans les radios AM du Québec:

Moi, j'mange, J'veux toute, toute, toute la vivre, ma vie, De temps en temps, moi, j'ai les bleus.

Ces succès lui ont ouvert les portes de la Place des Arts où, seule au piano, elle s'est produite à la fin de 1978. Vendu à plus de 300 000 exemplaires, Libre lui a valu l'année suivante le Félix de l'album le plus vendu. C'est le sommet de la carrière de la souriante entertainer aux grandes lunettes, qui chantait «pour que tout le monde comprenne».

«J'avais fait les arrangements de Libre, se souvient Édith Butler. Angèle était au piano, on avait un bassiste et un batteur, et je jouais de tous les autres instruments, dont le synthétiseur, tout nouveau à l'époque.»

Dans les années 80, après les albums Chanter dans le soleil et Paniquez pas pour rien sur la prestigieuse étiquette Kébec Disques, Angèle Arsenault se fera animatrice de radio à CJMS 1280, où on l'entendait quotidiennement au Radio-Café Provigo, avec Benoît Marleau. Elle est revenue à la scène au début des années 90. L'an dernier, elle avait participé au spectacle Le retour des idoles au Colisée de Québec, aux côtés, entre autres, de Jean-Pierre Ferland, Michel Fugain, Michèle Richard, Dick Rivers et Tex LeCor.

Comme auteure, Mme Arsenault a écrit des chansons pour plusieurs interprètes, dont Édith Butler, qui avait «une grande table où tout le monde venait gribouiller».

Son amie Édith Butler se souviendra d'une femme «souriante, extrêmement attachante, pleine de joie de vivre».