Partout où elle passe, Agnes Obel se bâtit un fidèle public de niche, d'où ses deux spectacles à guichets fermés au Gesù pendant le festival Montréal en lumière. Star au Danemark, elle revient en ville avec les chansons de son nouvel album, Aventine, dans une salle intime faite pour sa musique d'une grande beauté.

Elle a un visage angélique, des yeux bleus comme la mer de son Danemark natal. Au bout du fil, sa voix est d'une douceur apaisante. Au piano, Agnes Obel marie l'univers d'Erik Satie à un folk rock introspectif contemporain et à des musiques de film mélancoliques arrangées avec des cordes et des cuivres.

«J'aime des compositeurs impressionnistes comme j'aime la musique folk. Mes parents écoutaient beaucoup de musique folk suédoise. Une musique qui a une twist jazz avec une panoplie d'instruments. Ce que je compose aujourd'hui est directement relié à la musique de mon enfance», explique Agnes Obel.

La musicienne a connu un succès immédiat avec Philharmonics, sorti il y a trois ans.

En octobre dernier, elle y a donné une suite, joliment intitulée Aventine. «Philharmonics m'a fait tourner longtemps, et l'album était prêt bien avant de sortir, donc ce fut un soulagement de travailler à un nouvel album», raconte-t-elle.

L'auteure-compositrice-interprète voulait des arrangements de cordes pour ses nouvelles compositions.

«Je souhaitais avoir du violon, du violoncelle et des arrangements coloniaux. Je voulais toujours une réalisation placide, mais davantage de textures faisant référence à différentes époques», explique-t-elle.

Des mots et du piano

Agnes Obel porte des mots avec sa voix de dentelle, mais les musiques de ses chansons évoquent à elles seules un ton et des émotions. «J'aime qu'il y ait un élan narratif musical», dit-elle.

Les mots de ses pièces ne sont pas relégués au second plan pour autant.

«Sur l'album précédent, je me mettais davantage dans la peau des gens pour raconter leur histoire. Je pigeais dans mon passé. Cette fois-ci, je voulais que les sujets des textes soient très forts pour moi au moment même où je les vivais. Sans même les comprendre, je voulais décrire ce qu'ils évoquaient en moi avec des images et des mélodies.»

Agnes Obel entretient une relation privilégiée avec son piano.

«Parfois, il décrit mieux que moi comment je me sens. Ce qui en sort est plus révélateur que des mots. C'est un exutoire puissant.»

La jeune femme a déjà joué de la basse dans un groupe, mais le propos de la musique lui était impersonnel, raconte-t-elle.

«Le fait de renouer avec le piano et d'entreprendre la création de l'album Philharmonics m'a ramenée à mon enfance et à mes racines.»

Bien entourée

La musicienne a enregistré son premier album, Philharmonics, seule dans son studio maison de Berlin, faute d'argent.

Cette fois, pour l'album et la tournée Aventine, Agnes Obel s'est entourée de la violoniste d'Ottawa Mika Posner (Timber Timbre) et de la violoncelliste Anne Müller.

«Je n'en reviens pas que la musique que je crée dans ma bulle finisse par toucher un public en spectacle.»

Agnes Obel vit à Berlin depuis sept ans, mais sa musique demeure profondément enracinée dans la culture scandinave.

Le pianiste suédois Jan Johansson sera toujours une figure d'inspiration importante pour elle, tout comme Bartók, Debussy, Satie et Chopin.

Impossible de succomber à moitié au charme et à la musique d'Agnes Obel: c'est un coup de coeur ou rien.

Sa musique rappelle la Tori Amos des débuts, tout comme les univers cinématographiques et à fleur de peau de Patrick Watson. On pense aussi à la chanteuse américaine Cat Power, à la bande originale du film The Hours ou encore à Kate Bush.

À découvrir.

Au Gesù, les 25 et 27 février. À guichets fermés les deux soirs.