Il a porté une cagoule une bonne partie du spectacle. Le logiciel Auto-Tune modifiait beaucoup trop sa voix. Alors qu'il se faisait pardonner grâce à la puissance de ses chansons, Kanye West a confié à la foule dans un discours interminable vouloir devenir une meilleure personne et un artiste qui communique mieux avec son public. D'où le masque qui lui permet de se réinventer sous un jour nouveau...

Bizarre? Oui. On s'attendait à la venue d'un prétendu messie insolent, alors que Kanye West s'est montré sous un jour fragile, candide, confus, et toujours aussi narcissique. Et la question était sur toutes les lèvres: si ce n'était pas lui qui était sous la cagoule. Mais. Mais...

C'était bien mal connaître Kanye West, qui a tout mis en scène pour garder le meilleur pour la fin. Au moment de mettre en ligne, c'était le feu d'artifice (au propre comme au figuré) dans le Centre Bell au son d'All of The Lights...

Mais commençons par le début.

Kanye West est apparu sur scène au milieu de 12 apôtres féminins vêtus de soutanes blanches, sur une scène centrale reliée à une montagne de roc. Kanye West a allumé la foule avec On Sight. Puis, il n'a fallu que les premières mesures puissantes de New Slaves pour que les paroles résonnent dans le Centre Bell. Disons que ça frappe fort quand des milliers de personnes scandent «I'd rather be a dick than a swallower».

Le spectacle de Kanye West se divisait en cinq parties: Fighting (le combat), Rising (l'ascension), Falling (la chute), Searching (la quête) et Finding (la révélation).

Pour la seconde, un énorme écran circulaire amovible s'est tourné vers la montagne. Kanye West trônait au sommet pour entonner sa chanson Power, une bombe tirée de son album My Beautiful Dark Twisted Fantasy.

Puis, - qui l'aurait cru - le tube Cold As Ice de Foreigner a servi d'introduction à Cold. Le dernier album de West, Yeezus, a tout du matériel pour gonfler une foule à bloc: les bras s'agitaient vigoureusement en l'air au rythme de Black Skinhead et I Am A God.

Dans la troisième partie du spectacle, le rappeur a entraîné le public dans sa chute avec des chansons vulnérables, dont Hold My Liquor et Heartless. Magnifique mise en scène quand l'immense écran circulaire a diffusé un plan des airs de West couché au milieu de ses 12 disciples.

Mais après 30, 45, puis même 90 minutes de spectacle, il était temps que la star de la soirée enlève sa cagoule, surtout qu'il n'y avait pas d'écran géant et que son accessoire nuisait parfois à sa voix tordue dans le logiciel Auto-Tune. Déjà que les décibels frisaient la limite du supportable.

Puis, la montagne s'est séparée en deux pour faire place à une cérémonie religieuse. Après un changement de costume, Kanye West a rappliqué au micro au son de Lost In The World. Et c'est là que Kanye West a entamé un discours interminable. «Je veux m'excuser du fait que vous avez dû attendre aussi longtemps avant de voir la tournée Yeezus», a-t-il dit concernant l'annulation du spectacle prévu à l'automne.

«Je veux améliorer ma façon de communiquer avec vous (...) Je veux contribuer davantage à la société», a-t-il marmonné à la foule.

Kanye West a parlé de sa réputation, des stéréotypes. Il a comparé son génie créatif à celui du Cirque du Soleil, Walt Disney et Steve Jobs. «Avec un masque, je peux être qui je veux... Comme à l'Halloween. Le masque me permet d'être plus libre», a-t-il expliqué.

Mais Kanye West a fini par l'enlever sa cagoule. Au moment de mettre en ligne, il venait d'enfiler ses tubes Jesus Walks, Get Em High, Gold Digger, Dark Fantasy, Niggas in Paris et All of the Lights.

Des écrans géants le rapprochaient alors de la foule. Il était là, en chair et en os, au service du public. Sacré Kanye: il nous aura tous menés par le bout du nez. Il nous a fait douter et taper du pied pour finalement nous balancer tout ce qu'on voulait.

Son dernier album unit son surnom Yeezy à celui de Jésus. Comme un messie, West est un redoutable agitateur de foule. Lundi soir, il l'a manipulée de façon brillante à coup de chansons puissantes.