Avec ce deuxième album solo qu'elle sort sur sa propre étiquette, Viviane Audet a créé avec Philippe Brault un univers musical intimiste qui laisse toute la place à sa voix. La chanteuse au regard d'un vert intense y aborde des thèmes comme la solitude, la peur et les départs avec la touche classique du piano et le côté ludique du banjo. La Presse l'a rencontrée.

Viviane Audet avoue avoir toujours eu envie de faire du théâtre. Diplômée de l'École supérieure de théâtre musical en 2003, elle a joué dans la pièce Gunshot de Lulla West avec son amoureux Robin-Joël Cool et, plus récemment, dans les derniers Contes urbains, mais la musique a toujours pris le pas.

Lauréate de Petite-Vallée en 2003, la musicienne de 32 ans a enregistré un premier disque en 2006, Le long jeu. Mais c'est en composant la musique du film Camion (sorti en 2012), de Rafaël Ouellet, toujours avec son complice Robin-Joël Cool, qu'elle s'est fait connaître, raflant l'an dernier le Jutra de la meilleure musique originale.

Les deux artistes, qui font aussi partie du groupe folk Mentana, s'apprêtent d'ailleurs à créer la musique du prochain film de Rafaël Ouellet, Gurov&Anna, une adaptation de la nouvelle La dame au petit chien d'Anton Tchekhov. Le premier EP de Mentana sortira au mois de mars. Cinq chansons en anglais coiffées du titre Western Soil.

Son deuxième disque solo, Le couloir des ouragans, Viviane Audet le doit au travail du musicien et réalisateur Philippe Brault et à celui de l'auteur-compositeur-interprète Baptiste, avec qui elle a créé le canevas de ce nouvel album pendant un peu plus d'un an.

Un album où elle joue du piano, du Wurlitzer, de la guitare et du banjo.

«Je voulais que ma voix soit plus épurée, moins chantée, comme c'était le cas sur le premier disque. J'ai beaucoup travaillé cet aspect-là avec Baptiste.

«Par la suite, j'ai fait un huis clos avec Philippe Brault au Studio MasterKut, où il y a plein d'instruments qui traînent. On a construit les chansons une à une en essayant d'aller à l'essentiel.»

Intensité

On lui fait remarquer sa grande intensité lorsqu'elle chante. Est-ce le fruit de son travail d'interprétation, ou est-elle vraiment très émotive?

«Un peu des deux, répond Viviane Audet. Quand j'étais petite, mon père me disait qu'il y avait beaucoup de chansons qui me faisaient pleurer. Des chansons comme La nuit court après le jour, le jour court après la nuit de Passe-Partout me rendaient infiniment triste! Donc, oui, je pense que je suis assez émotive», avoue-t-elle en rigolant.

Lorsqu'elle a participé au concours de Petite-Vallée, Louise Forestier lui a dit un jour: «Quand tu chantes, pense à tes souliers! T'es trop intense! Tu te rendras pas là, tu vas mourir!»

Et maintenant? «Je pense être un peu moins intense sur scène, mais je pense que j'en ai gardé. Ça fait aussi partie de l'interprétation!»

Trois chansons du Couloir des ouragans

En hauteur

Le clip de la chanson a été enregistré mercredi dernier à Longueuil. «C'est le texte le plus vrai et le plus sincère que j'ai écrit, confie Viviane Audet. Notamment sur ce qui me bloque dans la vie. Au point que je la trouve intimidante! C'est un peu l'histoire d'une fille seule qui a vu beaucoup de gens autour d'elle s'éloigner - pour faire des voyages ou des enfants. Elle n'est pas complètement malheureuse, mais elle est un peu triste.»

Parle encore

Il s'agit d'une chanson écrite par Martine Coupal. Viviane Audet avoue avoir été tout de suite inspirée en lisant les paroles. «J'ai dû composer la musique en trois minutes et quart! C'est aussi la première chanson du projet, donc elle est importante pour moi. Il y a eu cinq versions avant d'en arriver à la chanson finale. Je la joue à la guitare dans un esprit plus folk, moins pianistique. C'est un texte un peu triste et déchirant, c'est très féminin et très chargé émotivement.»

Après la pluie, la pluie

Vous avez peut-être vu le clip tourné par l'équipe de Voir, où l'on voit Viviane Audet et son amoureux, Robin-Joël Cool, se donner la réplique en chantant et en jouant à la guitare et au banjo. «C'est une pièce qu'on a écrite ensemble dans un hôtel à Gaspé. C'est un peu la rencontre de deux solitudes. D'un gars et d'une fille qui se parlent sans se comprendre. Mais le fait d'être ensemble, on dirait que ça rend leur rencontre lumineuse. C'est aussi un tournant musical dans mon style musical, qui est de plus en plus folk.»