Il est riche, marié à la belle Beyoncé. Loin de son passé misérable de vendeur de drogues à Brooklyn, Jay Z gère un empire et fréquente les grands de ce monde.

Mais sur scène, il demeure un bon vieux rappeur. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple?

Bien entendu, Jay Z a les moyens de se payer un impressionnant dispositif métallique qui le met en valeur, et d'avoir nul autre que Timbaland à ses côtés. Mais sinon, l'ensemble de son spectacle repose sur lui, son micro, ses chansons... et peut-être ses fringues.

Vendredi soir, au Centre Bell, Jay Z n'avait même pas lancé les premiers mots de U Don't Know que les 13 000 spectateurs étaient déjà dans sa poche.

En feu au micro, Jay Z affichait à l'inverse une dégaine décontractée, comme s'il donnait un spectacle dans un club.

En plus de Timbaland, un guitariste, un claviériste et un batteur l'accompagnaient sur scène, perchés derrière lui en haut d'une structure aux enchevêtrements cubiques.

Jay Z a pigé dans l'ensemble du répertoire de ses 12 albums vendus 75 millions d'exemplaires en carrière. De son premier single Dead Presidents (sorti en 1996) aux titres de son dernier album Magna Carter Holy Grail, qui occupaient une place importante du spectacle.

«Montréal, comment ça va?», a lancé à la foule Jay Z, lui rappelant que sa dernière visite au Centre Bell remontait à la tournée Watch The Throne avec Kanye West.

À 44 ans, Jay Z n'a plus rien à prouver. Il se laisse chaudement applaudir par la foule, il se la joue cool.

Malgré l'irréprochable qualité de son flow, le spectacle faisait toutefois du surplace quand Jay Z a pris une pause pour laisser du temps de glace à Timbaland aux platines. Et ce, malgré l'enthousiasme sans relâche de la foule au son des Big Pimpin', No Church In The Wild et Jigga My Nigga et Nigga What Nigga Who. Il faut dire que Jay Z n'est pas un rappeur au jeu très physique.

Puis mine de rien, l'intensité du spectacle a monté d'un cran quand Jay Z a sommé la foule de danser en se foutant des gardiens de sécurité.

Le spectacle avait les défauts de ses qualités, mais tout le côté relax de Jay Z a fait mouche quand il a pris un bain de foule en demandant à ses caméramans de faire des gros plans sur des spectateurs. Jay Z a fait une accolade à une fille qui l'avait vu 14 fois en spectacles. «You deserve a hug», a-t-il dit en voyant l'affiche qu'elle tenait à bout de bras.

Il a salué une autre spectatrice assise haut dans les gradins qui portait un gilet rose fluo, une autre qui avait une camisole de Beyoncé, puis un père dont le fils était juché sur les épaules. Il a souhaité bonne fête à Marlon. Il s'est fait prendre en photo avec un spectateur qui lui a donné un gilet du Canadien de Montréal pour enfant au nom de Carter.

«On s'en fout des Grammy et de cette shit. Ceci est le meilleur sentiment au monde», a lancé Jay Z en regardant les 13 000 spectateurs qui étaient à ses pieds.

Jay-Z, qui sera au gala des Grammy avec Beyoncé dimanche soir à Los Angeles, a gardé des tubes phares de son répertoire pour le rappel en servant en rafale Empire State of Mind, Izzo (H.O.V.A.), son premier tube Hard Knock Life et Young Forever.

Un titre de circonstances. À 44 ans, Jay Z est loin de céder son trône. Et le roi est toujours proche et le préféré de ses sujets.