Le scénario du parfait artiste en nomination aux galas hollywoodiens est bien ficelé: il doit se montrer très reconnaissant, faire l'éloge de la compétition et toujours, toujours, minimiser l'importance d'une victoire.

Mais James LaBrie - leader canadien du groupe métal américain Dream Theater - n'hésite pas à enfreindre les règles.

Alors que le groupe a obtenu une deuxième nomination en trois ans aux Grammy dans la catégorie de la meilleure prestation métal, le chanteur fait preuve d'honnêteté au sujet de ses chances de gagner.

Lors d'une récente entrevue téléphonique accordée depuis Pamplona, en Espagne, où le groupe se préparait à monter sur scène, LaBrie a affirmé qu'il croyait avoir de très bonnes chances de gagner le prix, dimanche soir.

La formation est en lice pour la pièce The Enemy Inside, tirée de son 12e album.

En ce qui a trait aux autres artistes en nomination, notamment Anthrax, Killswitch Engage et les pionniers de Black Sabbath, LaBrie croit que la compétition viendra principalement de ces derniers.

«Je crois que la seule force contre nous pourrait être Black Sabbath, a-t-il admis. Ils sont là depuis plus de 40 ans.»

Le vidéoclip de The Enemy Inside présente un ancien soldat désorienté, son visage pixellisé, courant en jetant des regards furtifs tout autour de lui.

«Plus il y aura de personnes conscientes que des gens sont touchés psychologiquement ou rendus malades par les conflits et les guerres, mieux ce sera, a indiqué le chanteur. Nous réalisons ce que nous faisons vivre à ces braves hommes et femmes. Non seulement dans les champs de bataille, mais aussi après la guerre. Lorsqu'ils reviennent à la maison, ce sont des personnes changées (...) Ils ne pourront jamais redevenir comme avant. C'est impossible.»

«Quand on commence à lire sur le sujet, c'est plutôt horrible, a-t-il ajouté. La guerre, en elle-même, est complètement ridicule.»

LaBrie s'est joint au groupe métal du Massachusetts en 1991. Lorsque le groupe lui a offert le poste de chanteur, remplaçant Charlie Dominici, il a accepté avec enthousiasme, à une seule condition.

«J'ai dit, parfait. Je veux le faire. Je crois que ce groupe est extraordinaire. Mais il y a une chose que je veux préciser: Je ne déménagerai pas ici. Je reste à Toronto. C'est ici que je veux être. C'est d'ici que je viens.»

LaBrie doit donc régulièrement se rendre en avion rejoindre le groupe à New York. Lorsqu'ils enregistrent ou qu'ils répètent, il y passe la semaine puis retourne à la maison le week-end.

Mais il croit que c'est un sacrifice nécessaire à faire pour sa famille. Et il préfère tout simplement habiter au Canada.

«J'ai fait le tour du monde environ 13 fois maintenant et il y a tellement d'endroits incroyables, magnifiques, phénoménaux sur notre planète, a-t-il raconté. Mais malgré tout, j'aime retourner dans la région de Toronto.»

LaBrie était accompagné de son épouse et de son fils et sa fille adolescents à son premier gala des Grammy. Son fils était atterri à Los Angeles avec un seul but, celui de rencontrer le compositeur Skrillex, ce qu'il a réussi à faire tout à fait par hasard, à l'aéroport. Selon LaBrie, «il était aux anges».

Il qualifie cette expérience aux Grammy de «surréaliste».

«Il y a des tonnes de journalistes, vous êtes entourés de toutes sortes de célébrités, vous êtes conduits sur le tapis rouge, et pendant 45 à 60 minutes, vous arrêtez devant chaque station pour (discuter) avec la presse internationale, des journalistes de partout sur la planète, se souvient-il. Vous parlez de ce que vous faites, de la raison de votre présence. (...) C'était un peu comme dans un rêve.»

Au lendemain du dernier gala des Grammy auquel le groupe a assisté - Foo Fighters l'avait alors emporté dans sa catégorie -, LaBrie et ses collègues avaient dû grimper dans un avion en direction de Zurich, où ils avaient dû consommer «plusieurs espressos» pour combattre le décalage horaire et monter sur scène en soirée.

Comme ils se trouvent actuellement en pleine tournée européenne, les musiciens ont choisi de ne pas assister à la cérémonie cette année, mais ils suivront quand même les résultats du gala.

Et LaBrie croit que la capacité de son groupe à déjouer les pronostics fera en sorte qu'il pourrait bien entendre son nom lorsque le prix sera décerné.

«Nous faisons ce métier depuis plus de 20 ans, explique-t-il. Je crois qu'il y a plus de gens qui nous connaissent que l'inverse. Je crois qu'ils réalisent que, contrairement à d'autres très bons artistes membres de très bons groupes, nous sommes très fidèles à qui nous sommes et nous l'avons été tout au long de notre carrière. Je crois que ce serait logique (de gagner).»

«La chanson montre le genre de groupe que nous sommes, ajoute-t-il. Surtout dans cette catégorie, je crois que la chanson est parfaite. Je pense que nous sommes en bonne position pour gagner.»