Idole française des sixties aux antipodes des «yéyés» de l'époque, la chanteuse Françoise Hardy, qui aura 70 ans vendredi, a traversé les générations en imposant son style mélancolique et sa réserve douce-amère.

«Les anniversaires n'ont jamais été ma tasse de thé», a-t-elle déclaré en 2012 à l'occasion de la sortie de son dernier album L'amour fou, qui marquait ses 50 ans de carrière.

Ce disque aux accents testamentaires, dont elle a confié qu'il lui ressemblait «plus que les autres», contait des amours malheureuses, irraisonnées, destructrices et torturées, thème central de son oeuvre et de sa vie.

Le couple qu'elle forme avec le chanteur et acteur Jacques Dutronc à partir de 1967 - ils se sont mariés en 1981 et ont eu en 1973 un fils, Thomas, également musicien - est mythique.

Mais elle en a raconté la face B dans ses mémoires Le désespoir des singes et autres bagatelles (2008), succès de librairie.

«Il ne m'a pas vraiment accompagnée, le terme est inadéquat! En revanche, mes sentiments passionnés pour lui m'ont accompagnée pendant une bonne vingtaine d'années. C'était à la fois intense et douloureux», a-t-elle raconté au magazine Gala en décembre dernier.

Si elle se laisse parfois aller aux confidences, Françoise Hardy s'est toujours méfiée du star system.

Née le 17 janvier 1944 à Paris, «sous le signe du Capricorne» précise la biographie officielle de cette férue d'astrologie - elle a consacré plusieurs ouvrages et une émission de radio à cette passion - elle est élevée avec sa soeur par une mère seule et solitaire, issue d'un milieu populaire.

Elle reçoit sa première guitare à 17 ans, prend des cours de chant au Petit conservatoire de la chanson de Mireille avant de signer un contrat avec Vogue fin 1961.

Son premier disque paraît en juin 1962, avec comme titre phare Tous les garçons et les filles, dont elle signe paroles et musique. Le disque fait le tour du monde et se vend très vite à plus de deux millions d'exemplaires.

Fausse sortie

Dès ses débuts, elle a l'image d'une artiste discrète et mélancolique. Elle qui ne se trouve guère jolie séduit avec sa minijupe et sa longue frange.

Sa silhouette longiligne lui vaut d'être surnommée «l'endive du twist» par l'animateur de radio Philippe Bouvard. Elle réplique en baptisant «Asparagus» sa maison de production du moment.

En 1964, elle enregistre Mon amie la rose à Londres où son accent frenchy fait des ravages.

De Bob Dylan à David Bowie, les Anglo-saxons ne seront pas les derniers à tomber sous le charme de son filet de voix et de sa mystérieuse mélancolie.

Influencée par son petit ami d'alors, le photographe Jean-Marie Périer, elle arbore les tenues futuristes d'André Courrèges ou Paco Rabanne mais, trop émotive, abandonne définitivement la scène dès 1968.

Elle écrit la plupart de ses textes, mais sait aussi s'entourer: Serge Gainsbourg (Comment te dire adieu), Patrick Modiano (Étonnez-moi Benoît), Michel Berger (Message personnel)...

Elle devient vite un modèle pour une jeune génération d'artistes qui se pressent pour travailler avec elle: Étienne Daho, Benjamin Biolay, Jean-Louis Murat ou Julien Doré écrivent pour elle.

En 1988, fausse sortie: elle annonce son désir de s'arrêter après l'album Décalages. Mais elle sort en 1996 Le danger, produit par Alain Lubrano et Rodolphe Burger. Exigeante, elle espace ses albums qui sont chaque fois salués par la critique et le public.

En 2005, elle reçoit une Victoire de l'artiste interprète féminine de l'année.

Cataloguée à droite (elle a voté pour Nicolas Sarkozy en 2012), elle s'était inquiétée dans Paris Match durant la campagne pour l'élection présidentielle 2012 des projets fiscaux du candidat socialiste François Hollande: «Je suis forcée, à pas loin de 70 ans et malade, de vendre mon appartement et déménager (...). Si Hollande passe, je ne suis pas certaine que mon revenu suffira à payer mes impôts».

Depuis 2004, elle se sait atteinte d'un lymphome non hodgkinien, un cancer du système lymphatique qu'elle assure «pas trop méchant» et qui lui a inspiré Tant de belles choses.