«Quand nous écoutions les chansons de Carmen Campagne, ma mère notait chez moi un intérêt particulier pour les passages de violon...»

À 5 ans, Marianne Di Tomaso a reçu son premier instrument et son père, guitariste de jazz de profession, a vite reconnu que les intérêts musicaux de sa fille étaient liés à un talent certain. Quinze ans de conservatoire plus tard, la jeune femme arrive à ce diplôme d'artiste internationalement reconnu. «Je n'ai ni baccalauréat ni maîtrise, mais j'aurai quand même un diplôme prestigieux», nous dira cette Lachinoise née d'une mère d'origine polonaise et d'un père d'origine italienne. Pas de bac, mais un diplôme d'études secondaires où elle a obtenu une note de 99% à l'examen de violon. Pas une mauvaise note...

Au Conservatoire de musique de Montréal où elle étudie avec Johanne Arel depuis 2004, Marianne partage son temps entre le violon et... la musique. «Je n'ai pas grand temps pour faire autre chose. Quand je ne suis pas en classe ou en répétition, je pratique dès que j'ai une heure à moi...»

Une rare soirée libre? Marianne s'en va au concert, où, invariablement, elle va se retrouver concentrée sur le premier violon... surtout s'il s'agit d'Andrew Wan de l'Orchestre symphonique de Montréal, «un talent extraordinaire» dont elle admire autant la virtuosité que la tenue sur scène. «J'essaie de regarder l'ensemble, mais on se retrouve toujours à suivre le jeu des musiciens qui jouent de notre instrument.» Déformation professionnelle...

Quand nous l'avons rencontrée, Marianne sortait de classe. Le soir même, elle accompagnait des collègues et, le lendemain, elle devait interpréter une sonate de Beethoven dans un concert de classe. Deux jours plus tard, un samedi, elle jouait le Concerto pour violon de Glazounov avec l'Orchestre symphonique du Conservatoire, dans sa belle salle de la rue Henri-Julien.

Chez les compositeurs, sa préférence va à Beethoven et à Claude Debussy. Le premier parce que, «après tout ce qu'il a vécu, rejet, maladie, surdité, il a été capable de composer des oeuvres qui toucheront toujours l'âme humaine», le Français, à cause de sa propension au rêve, de sa capacité de nous emmener «hors du réel».

Et Marianne parle de «traits d'orchestre», sort une partition annotée de la Symphonie fantastique de Berlioz. «L'interprète s'exprime par son jeu, mais il doit respecter l'intention du compositeur...» En 2009, à Prague où elle a aussi remporté le deuxième prix de sa catégorie, le jury a jugé que Marianne respectait en tous points l'intention de Leos Janacek en lui décernant le prix d'interprétation pour la Sonate pour violon et piano du Tchèque, l'oeuvre imposée par le concours.

Bon, pour des concours de ce calibre - elle a aussi gagné le Grand Prix du Concours de musique du Canada en 2006 -, il faut un vrai violon, n'est-ce pas? Et Marianne de sortir de son étui ce «faux Vuillaume» de 1859, propriété de Raymond Dessaints, professeur retraité du Conservatoire et fondateur de l'Ensemble Amati où sa conjointe, Johanne Arel, est soliste. «Faux» Vuillaume, nous explique Mme Arel, parce que le célèbre luthier français aurait utilisé une table (le dessus de l'instrument) faite par un Italien... Marianne, elle, sait ce qu'elle a entre les mains: un violon «au son rond qui projette, un instrument de professionnel».

Quand, bientôt, elle pourra écrire «profession: musicienne», Marianne Di Tomasso voudra se garder la latitude dont elle jouit comme étudiante.

«Je ne veux pas me restreindre à un style d'ensemble ou de musique. Comme la plupart des violonistes des orchestres symphoniques, je veux pouvoir jouer aussi dans de petits ensembles, de musique de chambre dans mon cas, comme Amati ou I Musici, qui m'ont déjà invitée comme soliste. Je veux aussi donner des concerts solo, toujours avec mon accompagnatrice Claire Ouellet. C'est grâce à elle et à Johanne Arel que j'ai pu me rendre où je suis.»

Son top 5 de 2013

 12 Years a Slave 

 de Steve McQueen 

«1841. Solomon Northup, violoniste et père de famille, est un homme libre qui se retrouve réduit à l'esclavage. Parfois pénible à regarder, ce film m'a laissée bouche bée.»

 Lettres à un jeune 

 poète de Rainer Maria 

 Rilke (1929) 

«Lettres écrites par R. M. Rilke à un jeune homme qui s'interroge par rapport à ses choix artistiques. Ce livre m'a beaucoup aidée à repousser mes propres incertitudes.»

 Spectacle-bénéfice 

 du Conservatoire 

 de musique 

«Un des plus beaux événements du Conservatoire. Ce spectacle offrait des performances d'artistes tels Coeur de pirate, que j'ai accompagnée, Alain Trudel et Yannick Nézet-Séguin.»

 Dvorak - Anne-Sophie 

 Mutter (violon) 

«La violoniste nous interprète le concerto de Dvorak pour violon et orchestre avec vigueur et une richesse de son assurée. Un vrai bijou!»

 La Symphonie du Nouveau Monde 

 de Dvorak, par l'OSM 

«L'OSM ne cesse de nous livrer de magnifiques concerts avec des solistes exceptionnels tel Andrew Wan. L'énergie orchestrale est remarquable.»