On n'associe pas spontanément le nom de Vincent Vallières à celui de Leonard Cohen. Pourtant, c'est un peu grâce à Cohen que Vallières va donner bientôt une série de spectacles devant un public d'adolescents à travers le Québec. Explications.

Quand, en 2012, le gouvernement du Québec a décerné à Leonard Cohen le prix Denise Pelletier pour l'ensemble de sa carrière, l'artiste d'origine montréalaise a remis sa bourse de 30 000$ au Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) afin qu'elle serve au rayonnement et à la promotion de la chanson québécoise francophone. Or, le CALQ a vite pris connaissance d'un projet en ce sens ciblant le jeune public québécois, soumis par Vincent Vallières.

Dès janvier 2014, Vallières et ses musiciens donneront donc en région près de 30 spectacles devant un public d'élèves de deuxième cycle du secondaire dans la même salle où ils se produiront en soirée devant leur public habituel. D'autres spectacles, notamment à Montréal, devraient s'ajouter à leur itinéraire à l'automne 2014.

L'idée est venue de Catherine Simard, directrice de la compagnie de disques de Vallières, Spectra Musique, il y a environ deux ans. Inquiète de la baisse d'achalandage aux spectacles québécois et du faible renouvellement des publics, elle a conçu avec Vallières ce projet qui prévoit des outils pédagogiques pour préparer les élèves: analyses de textes de chansons, ateliers avec des auteurs-compositeurs, interviews possibles de Vallières à des journaux étudiants. Vallières lui-même est ouvert à tout, qu'il s'agisse de mettre en musique des textes de chansons des jeunes ou même de participer à un concours de slam.

«Ça prenait quelqu'un d'une grande notoriété pour intéresser les jeunes, a expliqué Catherine Simard hier, lors de la conférence de presse dévoilant les grandes lignes du projet, en présence du ministre Maka Kotto. Je me voyais mal soumettre un projet pour les jeunes du secondaire avec Michel Rivard ou Paul Piché. Il n'y a pas 25 artistes au Québec qui auraient pu donner vie à ce projet-là.»

Elle cite l'exemple de la salle L'Anglicane de Lévis, qui tentait sans succès depuis des années d'attirer le public des polyvalentes: «Déjà, quatre groupes de niveau secondaire 4 se sont inscrits. Parce que c'est Vincent Vallières



Se mettre en danger


Jeune trentenaire, Vallières a une formation en enseignement du français au secondaire et il est père de trois jeunes enfants. C'est par la chanson qu'il a découvert, à l'adolescence, la culture québécoise, quand un oncle lui a refilé une caisse de vinyles québécois des années 50, 60 et 70. Peu après, il formait le groupe Trente Arpents.



Vallières n'a pas la prétention ni la naïveté de croire qu'il va sauver la chanson québécoise. Depuis des années déjà, il va à la rencontre des jeunes des écoles primaires jusqu'aux universités, mais ces nouveaux spectacles devant un public qui ne lui est pas acquis constituent pour lui et ses musiciens un défi stimulant et une façon de se «mettre en danger».

«À l'école secondaire, j'ai vu des artistes que j'ai trouvés ordinaires, mais ça m'a quand même donné envie de faire de la scène et d'écrire mes chansons, dit-il. Sincèrement, on ne sait pas ce que ça va donner. Peut-être qu'on peut allumer des lumières, nous autres aussi, de notre côté. La chanson comme porte d'entrée, c'est très intéressant. Je me lance là-dedans en toute ouverture et je sens que j'ai beaucoup à apprendre, ne serait-ce que l'humilité.»

À la bourse du CALQ s'ajoutent une somme de 30 000$ versée par la SODEC et une autre de 60 000$ investie par les diffuseurs de spectacles en région, ce qui permettra d'offrir aux élèves des billets à un prix symbolique.