Trois ans après son dernier album, le rappeur américain Eminem a publié mardi The Marshall Mathers LP 2, qui marque aussi le retour de la polémique qui l'accompagne depuis ses débuts autour des termes homophobes qui ponctuent parfois ses titres.

Produit notamment par Rick Rubin, le fondateur du légendaire label Def Jam, qui a fait connaître au grand public dans les années 80 et 90 Run DMC ou les Beastie Boys, The Marshall Mathers LP 2 se veut la suite du premier album du rappeur blanc, The Marshall Mathers LP, sorti en 2000 et devenu quasi instantanément un classique du rap.

Au fil des titres, plusieurs artistes --les chanteuses Rihanna et Skylar Grey, le leader du groupe Fun. Nate Ruess-- viennent prêter main forte à Eminem (Marshall Bruce Mathers III de son vrai nom) aujourd'hui âgé de 41 ans et sobre depuis 5 ans. Parmi eux, d'ailleurs, un seul autre rappeur, Kendrick Lamar.

Loin de s'être assagi, Eminem alias Slim Shady, le nom de son alter ego musical, use encore, dans le titre Rap God, d'insultes homophobes, qui lui ont déjà valu par le passé d'être vertement critiqué.

«On en revient à cette bataille, dans mon esprit, entre mon désir d'être libre de dire ce que je veux et mes questions sur ce qui peut ou pas blesser des gens», expliquait-il récemment dans un entretien accordé à Rolling Stone.

Dans le magazine, le rappeur décrivait les termes qu'il emploie comme des figures de style, assurant que ces mots étaient des insultes communes là où il avait grandi, et qu'il ne fallait pas les prendre au pied de la lettre .

«Le vrai moi, qui est assis en ce moment en train de vous parler, n'a aucun problème avec les homosexuels, les hétéros, les transgenres, aucun problème du tout», avait-il encore affirmé à Rolling Stone. En 2001, il avait d'ailleurs chanté en duo avec Elton John, ouvertement gai, pour tenter d'éteindre --déjà-- la polémique. Il a par ailleurs depuis pris position en faveur du mariage homosexuel.

Boy George, lui-même homosexuel, avait de son côté regretté que le rappeur utilise de telles insultes au moment où la communauté gay connaît des difficultés en Russie par exemple. «Qu'il dise "C'est ironique", eh bien... ce n'est pas ironique si on vous défonce le crâne à coups de pied», avait déclaré l'ex-leader de Culture Club à Fuse News.

Longtemps à couteaux tirés avec sa mère --aussi bien dans ses chansons, dans lesquelles il l'insultait fréquemment, que devant les tribunaux, où elle l'avait traîné pour diffamation-- Eminem semble en revanche avoir enterré la hache de guerre avec elle.

S'excusant longuement auprès de celle qu'il avait par le passé qualifiée de «salope égoïste», il lance, dans une chanson de l'album: «Tu es toujours belle à mes yeux, car tu es ma mère».