Il réalise le prochain album d'Alexandre Désilets, coréalise celui du groupe montréalais Secret Sun et vient d'accepter l'offre des Hay Babies. La vie après Karkwa? Fort occupée pour le claviériste François Lafontaine.

«Arthur H vient aussi de m'appeler, car il va venir enregistrer son disque à Montréal. Je capote!», se réjouit-il.

Deux mois après la sortie de l'album Chemins de verre, François Lafontaine a annoncé à ses camarades de Karkwa qu'il quitterait le groupe à la fin de la tournée. Pour toujours? Pour un moment? «Il ne faut jamais dire jamais, répond François Lafontaine. Mais j'en suis venu à me demander: est-ce que j'aime encore ça?»

La tournée de Karkwa s'est étirée plus longtemps que prévu avec la victoire du prix Polaris. «Après tous les spectacles, je pensais avoir une pause, mais tout a déboulé à la vitesse de l'éclair.»

Si Louis-Jean Cormier a triomphé au dernier gala de l'ADISQ, c'est plutôt dans l'ombre que le nom de François Lafontaine circule un peu partout depuis un an. Il figure sur plusieurs pochettes de disque: coréalisateur des derniers albums d'Elisapie et de Forêt, arrangeur pour Jason Bajada et Catherine Durand, et chef d'orchestre de la bande originale du film de l'heure, Gabrielle. Le claviériste a également tourné avec sa blonde Marie-Pierre Arthur, dont il a réalisé les deux disques.

Récemment, beaucoup d'artistes folk ont lancé des disques dans lesquels ils explorent de nouveaux horizons musicaux. Et c'est grâce au travail d'arrangeurs et de réalisateurs comme François Lafontaine.

«J'aime quand on ne donne pas de limite et quand on pèse sur le gaz, dit-il. Je n'ai pas de filtre ni de contraintes. Pour moi, le disque est complètement différent du show. Il faut aller plus loin. C'est l'fun de faire éclater les styles.»

Un homme d'instinct

François Lafontaine n'est pas un pianiste classique de formation. «À cause d'un synthétiseur cheap Casio reçu à Noël», il a suivi des cours à l'adolescence avec l'organiste de l'église Saint-Paul-de-la-Croix.

Au cégep, il a croisé le chemin de Louis-Jean Cormier et de Stéphane Bergeron. Des cendres du groupe Kalembourg est né Karkwa. François Lafontaine a partagé la scène avec Galaxie et prêté son talent aux albums de Mara Tremblay et de Thomas Fersen, pour ne nommer que ceux-ci.

Outre Olivier Langevin et Fred Fortin, Lafontaine compte aussi parmi ses complices musicaux José Major, Jocelyn Tellier, Joe Grass, et Robbie Kuster, batteur de Patrick Watson.

Le musicien nous a accueillis dans les Studios de l'Est, qu'il exploite avec Sébastien Blais-Montpetit et Simon Landry.

Sébastien et François réaliseront le premier disque du groupe que Simon (Beluga) a formé avec la chanteuse Anne-Marie Campbell. «Au départ, Secret Sun était un projet très folk. Puis, Simon a voulu que ça devienne autre chose. Ça pige vraiment dans beaucoup d'influences. Et la voix d'Anne-Marie me fait capoter.»

François Lafontaine s'enthousiasme également pour le nouvel album d'Alexandre Désilets. «Il s'en va ailleurs avec un côté plus pop, instrumental et organique, dit-il. Et c'est fou comme ce gars-là chante.»

François Lafontaine se trouve à l'étape où il peut choisir ou refuser un projet. Mais s'il a d'abord voulu décliner l'offre de la réalisatrice Louise Archambault de se charger de la musique originale et des chansons du film Gabrielle, il s'est ravisé en voyant la chorale des Muses interpréter du Robert Charlebois. «Je devais faire ce film.»

Et la scène

Le goût de la scène est-il toujours là? Il a vécu une expérience merveilleuse en tournée avec sa blonde Marie-Pierre Arthur, mère de son petit garçon. «Ça m'a redonné le goût de la scène et ça m'a permis de rencontrer plein de musiciens, confie-t-il. Dans le fond, je fais ce métier car j'aime rencontrer plein de cerveaux musicaux différents.»

Il y a deux semaines, François Lafontaine a accompagné Jimmy Hunt et son groupe pour le lancement de l'album Maladie d'amour. «C'est de loin l'artiste le plus intéressant au Québec actuellement», dit-il.

En ce qui le concerne, François Lafontaine n'a pas la vocation de chanteur et ne rêve pas de sortir un disque solo. «Je n'en ressens pas le besoin, dit-il. Peut-être un jour, je ne ferme jamais de porte.»