Avec son troisième album sorti il y a un mois, le rappeur torontois Drake a fait son entrée dans la cour des grands. À sa première semaine de sortie, Nothing Was The Same s'est vendu à plus d'exemplaires que les plus récents disques de Jay-Z et Kanye West.

Drake, qui célébrera ses 27 ans jeudi, a toutefois retardé le début de son imposante tournée en reportant son passage dans une quinzaine de villes.

Le rappeur a finalement donné son premier spectacle vendredi dernier à Pittsburgh, mais le lendemain, il a annulé celui de Philadelphie alors que les 20 000 spectateurs avaient pris place dans l'amphithéâtre. C'est sans compter qu'il a presque «congédié» le rappeur Future de sa première partie après que ce dernier eut critiqué le dernier disque de Drake dans le magazine Billboard. Future et Drake se sont réconciliés mais il a fallu des... procédures judiciaires.

Aucune trace de ce mauvais départ au Centre Bell, lundi soir. Le rappeur de Toronto a même chanté et partagé la scène avec Future. Il a servi du rap et du R&B de grande qualité, de haute intensité et d'une fougue viscérale.

À 21h50, son entrée en scène saisissait le regard: son ombre à la fois grande et petite au milieu d'un immense écran lumineux et de deux immenses anneaux superposés. La foule s'est réchauffée avec l'introduction de Tuscan Leather puis elle explosé en symbiose avec Drake. Après Headlines, Drake s'est adressé à la foule en français. Il considère Montréal comme sa deuxième maison, a-t-il souligné plusieurs fois.

Drake maîtrise hautement la scène et la formule des spectacles d'arénas. Il est loin des débuts pénibles de sa carrière à Toronto, qu'il raconte dans ses chansons. Il fait partie des rares rappeurs qui peuvent remplir les plus grands amphithéâtres. Lundi, il a réuni 12 000 personnes au Centre Bell.

L'étiquette de rappeur émotif et d'amoureux raté colle à Drake. Sa musique aux forts accents R&B est loin du gangsta rap. Pour certain, il n'est pas un «vrai» rappeur car sa musique donne trop dans le soft-rap. N'en déplaise aux purs et durs, il a vendu 4 millions d'albums et il a remporté un Grammy pour le meilleur album rap en 2012.

L'ardeur, l'intensité et le flow de Drake avaient de quoi fermer le clapet de ses détracteurs, notamment pendant l'enchaînement de trois tubes sur lesquels il figure, soit Pop That (de French Montana), No New Friends (de DJ Khaled) et Fucking Problems (de A$AP Rocky). Des milliers de spectateurs en liesse et pris au corps; l'intensité qui régnait dans le Centre Bell était presque dangereuse... Et le set de Drake avec Future a ajouté de l'huile sur le feu.

Les pièces R&B mid-tempo de Drake (Crew Love, The Motion, Hold On We're Going Home) enivrent suavement les spectateurs sans les amortir. De quoi repartir de plus belle quand Drake relance la machine rap (No Lie de 2 Chainz). Que ce soit explosif ou introspectif, son intensité n'a pas baissé d'un cran lundi soir au Centre Bell.

Drake avait réservé une fin du spectacle spectaculaire et intime aux spectateurs. Une passerelle circulaire est descendue des airs pour s'arrêter entre le parterre et les gradins. Drake a pris le temps de regarder et d'interpeller des gens d'après leurs vêtements partout dans la salle. Une belle attention.

Le baptême montéalais de Miguel

Miguel se produisait avant Drake et après Future. L'été dernier, le chanteur R&B devait remplacer Frank Ocean à Osheaga, mais il annulé sa présence quelques jours plus tard.

Il chante torse nu, des interventions racoleuses... Facilement pardonné tellement Miguel est chaleureux, généreux, heureux et sympathique sur scène. «Je ne prends pas ce truc pour acquis», a-t-il dit à la foule.

Le chanteur R&B comptait sur beaucoup d'admiratrices dans la salle. Accompagné d'un groupe de musiciens solides à l'intensité soul-rock, Miguel a profité de ses aptitudes vocales pour bonifier son tube Adorn et Beautiful, pièce de Mariah Carey à laquelle il a prêté la voix.

Sa présence ajoute beaucoup à la tournée Would You Like A Tour de Drake.