La tournée d'un groupe de skinheads québécois - qualifié de néonazi par ses détracteurs - a semé l'émoi dans plusieurs villes d'Europe cet automne, entraînant même l'interdiction d'un concert.

Les membres de Légitime Violence ont notamment visité la République tchèque, l'Italie et la Belgique. Un spectacle en France était annoncé sur les réseaux sociaux, mais il a été impossible de confirmer s'il a eu lieu.

Le groupe a fait parler de lui dans Le Soleil en 2011, après que sa participation à un festival de musique de Québec a fait l'objet de nombreuses plaintes, puis a été annulé.

À l'époque, Légitime Violence s'est défendu d'être lié à la mouvance néonazie, même si ses membres interprètent des reprises de chansons antisémites - «Déroulons les barbelés, préparons le Zyklon B!», chantent-ils dans Amours perdus, en référence au gaz utilisé dans les camps de concentration.

Leur page Facebook foisonne de menaces de violence contre les «antifascistes», les «pédophiles», les «communistes» et les «gauchistes» en général. Leurs t-shirts promotionnels montrent un pied-de-biche ensanglanté et entouré des mots «snitch hunter club» («club des chasseurs de délateurs»).

Mais cet automne, c'est de l'autre côté de l'Atlantique que les membres de Légitime Violence ont fait parler d'eux.

Un spectacle que le groupe devait donner non loin d'Anvers, en Belgique, a été interdit par le maire de la municipalité, à la mi-septembre.

«Un groupe qui s'appelle le Front antifasciste a eu vent qu'il y aurait un concert. Il a informé les médias et le maire de la ville. Celui-ci a interdit le concert», a relaté le journaliste belge Marc Helsen, de la Gazet van Antwerpen, en entrevue téléphonique. C'est lui qui a couvert le passage de Légitime Violence pour son journal.

Le spectacle a finalement été déplacé en douce dans une autre petite ville de la même région. «Les personnes qui ont assisté au concert venaient d'Allemagne, de France, des Pays-Bas et de certaines villes de Belgique», a relaté M. Helsen.

Le passage de Légitime Violence en République tchèque a aussi fait des vagues. Les médias ont affirmé que le groupe devait être considéré comme d'extrême droite, même s'il ne fait pas l'apologie du nazisme.

En Italie, le groupe aurait participé à un concert commémoratif pour le 75e anniversaire de la libération du dictateur Benito Mussolini par les troupes d'Adolf Hitler, selon le journaliste belge Marc Helsen. La Presse n'a pu confirmer cette information.

Le groupe a refusé de discuter de sa tournée européenne avec La Presse. Il a toutefois envoyé un vidéoclip d'un autre groupe du mouvement des skinheads, dans lequel on chante que les journalistes devraient «surveiller leurs arrières».