Ceux parmi les quelque 5400 spectateurs réunis au Centre Bell à qui ça aurait échappé doivent bien se douter depuis mardi soir que Sarah Brightman veut se payer un trip dans l'espace. Avant de s'envoler dans une fusée Soyouz à destination de la Station spatiale internationale quelque part en 2015, la diva anglaise à convié ses fans à un tour de chant sur fond de projections digne d'un vaste planétarium.

Hissée sur une petite plateforme, Miss Brightman s'est mise à chanter Angel, la première pièce de son récent album Dreamchaser, devant une projection vaporeuse pendant que des nappes de synthés accompagnaient sa voix haut-perchée. On aurait dit une prêtresse de l'Antiquité égarée dans le futur.

Son public, sage comme une image, a mis du temps à se manifester. Était-ce à cause des nombreuses chansons de Dreamchaser au menu, dont des emprunts à Elbow et Sigur Ros que les fans de la dame ne connaissent peut-être pas? Ou encore parce que les projections de planètes, d'étoiles et de formes géométriques évoquant la station où elle a rendez-vous prenaient toute la place et qu'on a même failli la perdre de vue dans la fumée et les faisceaux lumineux pendant qu'elle chantait Ave Maria? Brightman avait beau multiplier les changements de costumes, pendant lesquels deux danseuses meublaient le temps mort sur scène, et puiser un air d'opéra dans son répertoire moins récent, le jello ne prenait pas.

C'est finalement quand elle a invité le ténor suisse Erkan Aki à pousser la note avec elle en lieu et place d'Andrea Bocelli dans Canto Della Terra que le déclic s'est fait. Tant et si bien que malgré un autre changement de costume, son public était toujours prêt à l'acclamer quand elle est revenue chanter Nessun Dorma de Puccini. Comme si ce public avait voulu lui dire qu'il était d'abord venu l'entendre chanter et que tout le reste était secondaire.

Après l'entracte, ça ne s'est pas arrangé tout de suite. La chanson Closer, qui cite abondamment Tubular Bells de Mike Oldfield, a eu droit à un accueil poli, sans plus, on a applaudi plus chaleureusement Scarborough Fair que tout le monde connaît. Mais c'est quand elle a replongé dans le Fantôme de l'opéra avec la complicité du ténor suisse que l'ambiance s'est réchauffée. Ne manquait plus que Time To Say Goodbye pour combler les fans qui malgré leur dévotion pour la chanteuse auraient sans doute préféré un spectacle un peu moins ambitieux et chorégraphié avec un tout petit peu plus de chaleur.