Ils ne se sont pas reformés malgré les offres alléchantes, jurent qu'après la mort de Joe Strummer ils ne le feront jamais et c'est peut-être pour cela que, trente-sept ans après leurs premiers accords de guitare, The Clash reste pour des millions de fans le plus grand groupe de l'histoire du rock.

«Avec le temps The Clash est devenu une force autonome, quelque chose de beaucoup plus grand que nous trois» , assure à l'AFP, dans le salon d'un grand hôtel parisien, Mick Jones, 58 ans, le mythique guitariste du groupe.

Mick Jones, le bassiste Paul Simonon, 57 ans, et le batteur Topper Headon, 58 ans, étaient jeudi et vendredi de passage à Paris pour assurer la promotion d'une réédition de l'intégralité de leur discographie.

«J'adore quand un père partage notre musique avec ses enfants, leur dit "Tu vois, il y avait des choses bien, à mon époque"», sourit le guitariste, cravate de satin blanc sur costume à fines rayures. «Cela rend le père fier, le fils fier aussi».

«Nous avions tout», murmure Topper Headon en remuant sa tasse de thé. «La musique est formidable, nous étions beaux, nous étions rebelles. Nous avions, nous avons toujours beaucoup d'intégrité. Partout où nous allons des gens nous disent "Vous avez changé ma vie. The Clash a tout changé pour moi"».

Dix-huit ans après la dissolution du groupe et onze ans après la mort d'une crise cardiaque de leur chanteur Joe Strummer, Jones et Simonon affirment avoir posé leurs conditions quand leur maison de disques leur a proposé, il y a trois ans, de rééditer l'intégralité de leur discographie.

«Depuis les débuts du groupe, et jusqu'à aujourd'hui, nous avons toujours été impliqués dans le processus créatif de notre travail», dit Paul Simonon, lui aussi en costume rayé, petit chapeau de paille sur le sommet du crâne. «Ce n'est pas comme certains groupes qui n'ont aucun contrôle sur ce qui est publié. Cette boîte intégrale vient de nous, et cela fait une grande différence. C'est personnel».

Ghetto-blaster

C'est Paul Simonon, qui partage depuis la fin des Clash son temps entre la peinture et la musique, qui a eu l'idée d'une boîte en carton prenant la forme d'un ghetto-blaster, les énormes radio-cassette populaires dans les années 70, premier appareil mobile permettant à chacun de transporter sa musique.

«Nous en avions chacun une, toujours avec nous, partout où nous allions», raconte le bassiste. «Donc c'était la chose à faire. J'ai pris des photos de ma radio-cassette, que j'ai toujours à la maison, et j'ai fait une maquette en carton. Je l'ai apporté à une réunion avec la maison de disques et j'ai dit: c'est ça l'idée».

Dans le Clash Sound System, grosse boîte commercialisée depuis le 9 septembre (Sony Music), les amateurs vont trouver les cinq fameux albums du groupe, plus trois CD de faces B, d'enregistrements inédits, un DVD contenant plusieurs films, dont certains exhumés pour la première fois, des reproductions du fanzine qui leur était consacré Armagideon Times, des autocollants, des badges et une plaque à porter autour du cou.

Tous les morceaux ont été remastérisés, une tâche à laquelle Mick Jones a consacré plus de deux ans et qui s'apparente, selon lui, à un sauvetage. «De nombreuses bandes, notamment les plus vieilles qui ont trente-cinq ans, étaient en danger», dit-il. «Elles étaient conservées en différents endroits, dans des entrepôts de la banlieue de Londres. Mais avant de pouvoir les jouer, il a fallu les passer dans des fours, pour fixer leur surface, l'oxyde. C'est là qu'est gravée la musique. Et ensuite vous ne pouvez les lire qu'une ou deux fois. C'est un travail de restauration, et c'est très important pour nous. Nous avons sauvé notre musique pour le futur».

C'est en écoutant, il y a quelques années, l'intégrale des Beatles remasterisée que Mick Jones a eu l'idée et l'envie de faire de même, assure-t-il. «Quand je les ai écoutées, j'ai entendu ces chansons comme jamais auparavant. C'était splendide, et j'ai pensé que nous devrions faire cela pour les gens qui aiment The Clash».