Après huit heures d'attente et de doutes, nous avons finalement assisté au spectacle qu'Arcade Fire donnait lundi soir à la Salsathèque. Où commencer? Par le spectacle survolté? Par le décor surréaliste du club de la rue Peel? Par l'univers carnavalesque, tribal et fantomatique? Par l'attente costumée sur la rue aux côtés de fervents admirateurs d'Arcade Fire?

Commençons cette journée magique par le plus important: le spectacle. Une fois à l'intérieur, les privilégiés qui avaient obtenu un bracelet ont eu un bref cours de danse zouloue. Puis nous sommes montés à l'étage dans le décor lumineux, kitsch, tropical et rétro-futuriste de la Salsathèque.

Quelle frénésie flottait dans l'air quand les membres d'Arcade Fire ont lancé les festivités avec Reflektor, premier extrait du quatrième album qui sortira le 29 octobre. Des gens connaissaient déjà par coeur les paroles de la pièce ayant fui samedi sur le web, sur laquelle figure David Bowie. Puis la fête s'est terminée 55 minutes plus tard avec un nouveau titre festif irrésistible intitulé Here Comes the Night.

Les nouvelles pièces d'Arcade Fire sont dansantes, tantôt d'inspiration new-wave, disco, tribale et grassroots, avec des références à la mort, l'amour et aux passages décisifs de la vie. Sur scène, les membres du groupe phare de Montréal étaient accompagnés de percussionnistes et du musicien montréalais Owen Pallet. 

Maquillés et vêtus en costumes noir et blanc, Win Butler, Régine Chassagne, Richard Reed Parry, Tim Kingsbury, William Butler, Sarah Neufeld et Jeremy Gara vibraient comme une tribu sur scène. L'atmosphère était cérémoniale et carnavalesque; une sorte de danse des morts joyeuse. 

L'organisation du spectacle annoncé lundi matin et du déroulement technique de la journée était impressionnante. Non seulement le spectacle était diffusé en direct sur le web, des gens étaient dehors sur la rue Peel pour maquiller les spectateurs. À 18h30, les membres du groupe ont pris un bain de foule sous les énormes têtes en papier mâché vues dans leurs clip Sprawl II et celui de Reflektor, réalisé par Anton Corbijn, et dévoilé lundi (sans compter le clip interractif signé Vincent Morisset).

Huit heures d'attente frénétiques

Nous sommes arrivés un peu après midi devant la Salsathèque pour être parmi les 10 premiers arrivés. La rumeur voulait que les heureux élus allaient être choisis selon leur costume ou tenue de soirée. Nos collègues de l'équipe des Patrouilleurs nous ont aidés à bonifier notre accoutrement de bal masqué disco.



Une fraternité musicale et frénétique régnait parmi les premiers arrivés, qui n'ont pas quitté leur pied carré de trottoir, sauf pour aller rapidement aux toilettes ou attraper de quoi manger. Erik Smith et sa femme avaient fait le voyage depuis Ottawa. Ils ont bricolé des costumes de prisonnier sur le trottoir. «Je me suis levé et j'ai vu sur Pitchfork qu'Arcade Fire faisait un show surprise. J'ai dit à ma femme: on part à Montréal. Nous étions dans la voiture 20 minutes plus tard», raconte-t-il. 

Sébastien Bélisle a manqué un cours d'histoire à l'UQAM pour voir Arcade Fire pour une 13e fois. Il était même au spectacle donné sous le nom des Identiks au studio Breakglass, en décembre dernier. «C'est impressionnant de voir qu'Arcade Fire peut remplir le Madison Square Garden et qu'il fait des spectacles à Montréal devant 100 personnes.» 

Que dire de plus? On manque de recul pour exprimer à quel point la journée était magique. En écrivant ces lignes, nous avons un disque vinyle de l'extrait Reflektor dans les mains (acheté à la Salsathèque au coût de 10$) et nous apprenons sur les réseaux sociaux que l'album lancé le 29 octobre sera double. C'est sans compter l'annonce d'une tournée mondiale. 

> Lisez mardi «les coulisses» de notre journée rocambolesque de huit heures dans l'attente d'avoir une place dans la Salsathèque sur Le blogue de musique.

Photo: André Pichette, La Presse