Simon Leclerc, chef d'orchestre et orchestrateur spécialisé dans la pop symphonique, nous explique son travail auprès des artistes et des groupes choisis par l'OSM.

Q Comment faire en sorte que l'approche symphonique puisse étoffer le répertoire d'un artiste populaire?

R On travaille avec des structures généralement très simples. La valeur se trouve ailleurs: dans la poésie, dans l'interprétation, l'énergie, la sincérité qui y est mise. Cette musique n'est pas pensée pour un orchestre au départ. Elle est conçue pour un pianiste, pour un guitariste, une petite formation. Nous ne sommes pas dans la même famille musicale, nous ne devons pas nous attendre à une symphonie de Mahler! Mais ça demeure une expression musicale très intéressante.

Q Faut-il complexifier les structures des chansons pop pour qu'elles deviennent artistiquement valables sur le plan orchestral?

R Le but n'est pas de les complexifier, mais plutôt de les rendre plausibles d'un point de vue orchestral. Mon premier souci est de regarder ce que la chanson dit. De quoi est-il question? Et comment l'orchestre peut-il dire quelque chose de plus avec cette chanson? Les instruments d'un orchestre symphonique ont leur fonction spécifique, c'est à moi d'extrapoler les valeurs d'une chanson pour les mener ailleurs avec ces autres instruments.

Q Comment vous y prenez-vous avec le répertoire de Plume?

R Avec chaque artiste, c'est un recommencement. Il me faut comprendre son langage et ensuite tomber amoureux de ses chansons à orchestrer. Parfois, ça prend du temps pour y arriver! Je dois comprendre comment un auteur-compositeur fonctionne. Quelle est sa mécanique? Qu'est-ce ce qui l'allume? Quelles structures sont remarquables dans son répertoire? Quelle est la dynamique entre les mots et la musique? Dans le cas de Plume, je m'efforce à le sortir de sa zone de confort.

Q Et pour Mes Aïeux?

R Ces musiciens ont une très belle démarche. Ils écrivent de beaux textes et ont un grand souci de pureté artistique. Le fondement de leur musique est folklorique, mais comporte des éléments plus modernes. Avec moi, ils jouent le jeu: ils plongent, répètent, posent des questions, prennent des notes. C'est stimulant pour tout le monde.

Q La pop symphonique peut-elle attirer le public vers les musiques de répertoire, classiques ou contemporaines?

R Je ne pense pas. Aucune étude à ce jour ne démontre l'effet d'entraînement des concerts symphoniques avec des artistes populaires dans le renouvellement du public classique. En fait, ce n'est pas le but de l'opération. L'OSM se doit de desservir à peu près tous les publics, dont celui qui écoute des musiques plus populaires. Son mandat est de faire de la grande musique de répertoire, des oeuvres contemporaines et, à l'occasion, des musiques populaires en s'associant avec des artistes aimés du grand public. Si c'est bien fait, ça peut être stimulant pour tout le monde, y compris pour les musiciens de l'OSM.