Alors que Bande à part tient des états généraux sur la musique émergente avant de quitter les ondes à la fin du mois de juin, un documentaire sur la musique «underground» montréalaise sera présentée en première au Rialto, le 19 juin. Dans le cas présent, «émergente» et «underground» ne sont pas nécessairement des synonymes...

Pop Montréal a présenté à l'automne dernier le documentaire From Montréal, qui exposait les réalités distinctes des scènes musicales anglophone et francophone après le buzz musical qui a entouré Montréal au milieu des années 2000.

Le film faisait intervenir des artistes comme les membres d'Arcade Fire, Malajube, Karkwa, Ariane Moffatt, The Besnard Lakes et Patrick Watson.

Ces artistes seraient beaucoup trop mainstream pour le documentaire Montreal Underground. Réalisé sans subvention par Giuliano Bossa et Mélanie Parent, le film s'intéresse à la culture musicale de Montréal dite DIY en anglais («Do It Yourself» ou «Fais-le toi-même»).

«J'ai eu l'idée de faire le documentaire à l'été 2011, alors que la grande majorité de mes amis et moi allions voir des shows dans des appartements», explique Giuliano Bossa.

Vous croyez connaître la musique de niche montréalaise? Montreal Underground pourrait vous surprendre en présentant des groupes dont Crabe, Tutu Blang et Leamers, et d'autres peut-être plus connus comme The Unsettlers, Bad Uncle, Jesuslesfilles, et Parlovr. Des formations qui alimentent dans l'ombre la richesse musicale de Montréal en incarnant véritablement son esprit indie. Avec un emploi à temps partiel (merci au relatif coût faible de la vie à Montréal), ils parviennent à boucler leur budget modeste et consacrer un maximum de temps à leur musique.

«J'ai été impressionné par leur talent. C'est fou comment les musiciens sont débrouillards et s'aident entre eux», souligne Giuliano Bossa.

L'apprenti-réalisateur (qui a profité d'un spécial de fête des Pères pour faire un vol d'hélicoptère et filmer Montréal à vol d'oiseau avec sa caméra à l'épaule) a notamment interviewé Matt Lee du groupe Devil Eyes. Ce dernier décrit une réalité musicale de survie qui est loin des spectacles d'Arcade Fire sur la place des Festivals.

Le documentaire nous plonge au coeur de spectacles donnés dans des appartements (notamment par Duchess Says) et des bars (en voie de disparation à cause de la loi antibruit) dont le Red Loft, le Barfly et le Divan Orange.

«Pour moi, ce n'est pas Arcade Fire et Wolf Parade qui représentent Montréal. Ce sont des groupes comme American Devices qui roulent leur bosse depuis 30 ans», fait valoir Giuliano Bossa.

Le témoignage du chanteur d'American Devices, Rick Trembles, est particulièrement révélateur. Il raconte par ailleurs que Men Without Hats était un groupe punk à la base.

Si Montreal Underground est quelque peu pessimiste et filmé de façon artisanale, le documentaire vaut grandement la peine d'être vu.

Réflexion à Bande à part

Dans le contexte de cet article, «émergente» et «underground» ne sont pas nécessairement des synonymes, disait-on. Deux réalités différentes, mais tout aussi intéressantes à analyser.

Pour ses dernières émissions hebdomadaires avant sa disparation des ondes le 24 juin, Bande à part (BAP) tient des états généraux sur la musique émergente.

Vendredi dernier, une première table ronde réunissait Patrice Caron (prix GAMIQ, Bang Bang), le pionnier de BAP Hugues Sweeney (aujourd'hui premier producteur du studio interactif de l'ONF), de même que le fondateur de Simone Records et du Festival de musique émergente, Sandy Boutin (aussi imprésario de Karkwa).

L'animateur Alexandre Courteau a posé la question qui tue: «Qu'est-ce que la musique émergente en 2013?».

«C'est un état d'esprit», a fait valoir Sandy Boutin, en faisant référence aux artistes dont l'intégrité artistique prévaut sur leur ambition commerciale.

Lors de la fondation de BAP, au début des années 2000, la musique dite émergente «n'avait pas sa place dans les médias traditionnels» et représentait «des sonorités nouvelles qui allaient émerger», a ajouté Hugues Sweeney.

Depuis, la culture musicale québécoise s'est renouvelée. La musique des Karkwa et Malajube n'est plus consommée que par des initiés. Les deux groupes font la une des journaux. Beaucoup de gens croient même qu'ils sont presque riches, alors qu'il n'en est rien...

Difficile de prévoir comment l'industrie évoluera au cours des prochaines années et de deviner quel sera le prochain cycle musical. En attendant, vous pouvez écouter la suite des états généraux ce soir au magazine de Bande à part, entre 21h et minuit. Le sujet: l'économie émergente. Les invités: Éli Bissonnette, fondateur des labels Grosse Boîte et Dare to Care (et vice-président au conseil d'administration de l'ADISQ), Jean-Claude Anto (Le Cercle) et Jean-Robert Bisaillon (cofondateur de la SOPREF, etc.).

EN RAFALE

Pierre Marchand (fondateur de MusiquePlus) a quitté son poste de président du secteur musique du Groupe Archambault (incluant les filiales Select et Musicor).

Random Access Memories, le nouvel album de Daft Punk, a pris la tête du palmarès des ventes aux États-Unis avec 339 000 exemplaires vendus lors de sa première semaine de sortie, selon la firme Nielsen Soundscan. Il s'agit de la sortie la plus lucrative de l'année, après The 20/20 Experience de Justin Timberlake.