Le chanteur de la formation The National, Matt Berninger, s'est fait dire tellement souvent et de tellement de façons que les chansons du groupe étaient tristes qu'il a fini par trouver cela dérangeant.

Même si les oeuvres des indie-rockeurs ont toujours été reçues positivement par les critiques, les scribes n'ont cessé de chercher des termes plus originaux pour qualifier l'ambiance qui se dégage de leurs chansons chargées d'émotions.

Le magazine spécialisé en musique Rolling Stone a dernièrement employé le terme «indie-rockeurs tristes» pour faire référence aux musiciens installés à Brooklyn, tandis que la publication Entertainment Weekly a jugé que la performance vocale de Matt Berninger s'apparentait à celle d'un «bébé qui a besoin de Paxil (un antidépresseur)». Dans certains cas, ces termes étaient des compliments.

Le chanteur a fini par cesser de s'en formaliser.

«Pendant longtemps, nous avons tenté de combattre l'idée que nous sommes un groupe triste et déprimant - et je n'ai jamais considéré que nous l'étions -, mais il est devenu évident que nous n'arriverions jamais à prouver le contraire», lance Matt Berninger.

Malgré tout, il finit par se lancer dans une analyse de la soi-disant morosité du groupe.

«Je pense que cela a l'effet opposé pour la plupart des personnes qui sont attentifs», suggère le leader de la formation, songeur.

«Parce que chanter le mélodrame, la tristesse, la dépression, le romantisme et les anxiétés sociales (...) a été une façon pour moi de les accepter et d'en faire quelque chose de plus joyeux et de m'aider à gérer tout cela», poursuit-il.

«Les chansons qui portent sur ces choses-là, je les trouve très apaisantes, et elles me font l'effet contraire, elles me soulagent, explique-t-il. Mais au niveau superficiel, oui, nos chansons ne sont pas des chansons pop légères.»

Par un curieux hasard - ou pas -, à partir du moment où The National a cessé de s'en faire avec leur étiquette de groupe triste, ils ont fait place à un peu plus de lumière.

Et leur nouvel album, Trouble Will Find Me, qui sortira mardi, témoigne d'une période au cours de laquelle l'enregistrement s'est fait de manière un peu plus détendue.