La chanteuse Jill Barber, qui était en nomination aux prix Juno, présentera certains des plus importants concerts de sa carrière cette semaine - et, comme elle l'explique, ceux-ci semblent de grande envergure de plus d'une façon.

«Puisque je suis enceinte en ce moment, c'est aussi moi qui est de grande envergure!», lance-t-elle en riant, lors d'une entrevue accordée cette semaine à Toronto. «Lorsque je suis sur scène, je me sens un peu plus vulnérable, ou quelque chose du genre.»

«Mais cela pourrait être une bonne chose. La vulnérabilité sur scène n'est pas nécessairement une mauvaise chose.»

Jeudi, Jill Barber montera sur les planches du Métropolis, à Montréal - possiblement devant 2300 personnes - puis, vendredi, sur la scène du Winter Garden Theatre de Toronto. Samedi, ce sera au tour des gens de Bragg Creek, en Alberta, d'accueillir la jeune femme.

La chanteuse prendra ensuite la première véritable pause de sa carrière, une période de cinq mois sans concerts dans laquelle elle pénètre avec une certaine trépidation.

«Prendre une pause est un peu effrayant, mais c'est une bonne chose. Toutefois, dans ma carrière comme musicienne indépendante, le momentum est primordial, je l'ai toujours senti.»

«Le momentum est le genre de chose intangible qui permet de continuer à faire progresser ma carrière, ajoute-t-elle. Ralentir, même si c'est pour un court moment, semble inhabituel à mes yeux.»

Il semble d'ailleurs que la chanteuse entame sa pause alors qu'elle a le vent dans les voiles.

Jeune femme anglophone avec un penchant francophile, Jill Barber a lancé en janvier son premier disque dans la langue de Molière, et elle affirme que cela a mené à un surprenant niveau d'intérêt au Québec, tout en satisfaisant ses fans appréciant son style de jazz rétro.

Bien sûr, accoler un seul style à Mme Barber ne révèle jamais toute l'histoire. Au cours de sa carrière de plus d'une décennie, elle a varié les styles musicaux, alors qu'elle variait également les endroits où elle présentait ses concerts.

Née en Ontario, elle a par la suite vécu à Halifax, avant de s'installer à Vancouver.

«J'ai enregistré des disques qui ont été un peu country, un peu folk, un peu jazz, un peu gospel, un peu soul, et ce genre de choses est agréable puisque je sens que je peux enregistrer divers types d'albums et que cela ne provoque pas de choc», a déclaré Mme Barber, qui estime avoir un style unique, le «smoky folkie».

«Je veux que chaque album ait un son distinct, ainsi que sa propre place, pour représenter son chapitre dans mon histoire.»

La question de la grossesse ne semble pas non plus avoir embêté la jeune femme, qui doit accoucher cet été.

«En fait, je crois que je pourrais continuer pendant encore quelques mois - je m'interroge «Pourquoi ai-je décidé d'arrêter aussi tôt?», dit-elle. En fait, je suis très chanceuse. Pour moi, la grossesse s'est accomplie en douceur. Pas de problèmes, pas de nausées matinales, pas de tracas dont souffrent tant de gens.»

«J'ai lancé à la blague, récemment... il est étonnant qu'il faille environ neuf mois pour produire un album et accoucher d'un enfant. Et, décidément, il est beaucoup plus difficile de créer un disque. Comme si faire croître un humain n'était pas un problème.»

En fait, la chanteuse tente d'accomplir les deux tâches à la fois. Sans véritablement prendre de pause, Mme Barber a plutôt passé beaucoup de temps à écrire dernièrement ou, dans ses mots, «tenter de finir l'album avant que le bébé n'arrive».

Les pièces sur lesquelles elle travaille ont un son un peu plus acoustique, «terre à terre». La future mère n'est pas certaine de la forme finale des chansons - elle entrevoit le potentiel d'arrangements élaborés, mais aime également l'idée d'une approche plus simple.

De toute façon, elle affirme que bien qu'elle n'écrive pas des chansons sur sa grossesse ou sa maternité à courte échéance, elle a malgré tout été inspirée par les changements dans sa vie.

«Je crois que la grossesse a été bénéfique pour la créativité», soutient-elle. Les chansons qu'elle écrit sont riches, et «cela pourrait avoir quelque chose à voir avec le fait d'être dans un cocon et d'être si près de la maison».

«Il y a seulement un an, j'avais tendance à sortir pour des cocktails, et c'était à cela que j'avais la tête. Mais je plante désormais des graines dans le sol. Il y a définitivement un changement dans mon état d'esprit, je crois. Et cela affecte ma créativité.»