Alicia Keys a tous les talents. C'était déjà très évident quand elle a mis les pieds une première fois en 2002 dans ce qu'on appelait alors le Centre Molson. Une comète en début de vingtaine propulsée par un premier album d'exception.

La musicienne et chanteuse new-yorkaise en était mercredi à son quatrième concert au domicile du Canadien, où l'attendaient tout près de 9000 convertis. J'avais lu les critiques mitigées de mes collègues à la suite de ses deux spectacles précédents et pendant une bonne demi-heure, j'ai eu l'impression que l'histoire se répétait: juste un peu trop de fla-fla pour une artiste qui se défend pourtant fort bien par sa seule présence. Et ses chansons.

Comme si la dame de 32 ans croyait que son statut de star l'obligeait à correspondre à une certaine forme de showbiz américain hyper léchée et chorégraphiée. Elle en a les moyens après tout. Pourtant, c'est quand elle s'est retrouvée seule à l'avant de la scène à défendre ses chansons que le déclic s'est vraiment fait. D'abord avec Try Sleeping With a Broken Heart, puis la nouvelle 101, écrite avec la talentueuse Emeli Sandé: enfin, une version piano-voix permettant justement à cette voix puissante de vraiment prendre son envol, transportant avec elle ce supplément d'âme qu'on attendait.

Puis, la voilà qui enchaîne avec les premiers mots de Fallin', qui provoquent une déferlante de cris. L'intensité monte de plusieurs crans. Aussitôt, la chanteuse s'éclipse en laissant ses choristes reprendre bellement You're All I Need To Get By, le succès de 1968 de Marvin Gaye et Tammi Terrell, qui permet aux musiciens de s'éclater juste ce qu'il faut.

Les succès attendus

Elle reviendra avec d'autres chansons de son très bon dernier album, Girl On Fire, puis les succès que les fans attendaient: If I Ain't Got You et No One, saluée par les lumières d'une multitude de téléphones, mais aussi les nouveautés New Day et Girl On Fire pendant laquelle la dame tâte des percussions.

Quand, au rappel, elle chantera l'hymne Empire State Of Mind (Part 2), avec le complice Jay-Z sur l'écran géant, le public debout aura oublié que ce concert a mis un petit temps avant de décoller. Et que c'est quand la musique a pris sa place que tout le reste - les chorégraphies, les projections - a trouvé sa raison d'être.

Un mot pour terminer sur Miguel qui, à compter de 19h30, a réchauffé la salle qui s'emplissait progressivement. Détenteur du Grammy de la chanson rhythm and blues de l'année (Adorn), ce gars-là est une bête de scène qui a une dette évidente envers Prince. Ajoutez à cela des éclairages comme en n'en voit pas souvent en première partie d'un spectacle et vous comprendrez que personne ne s'est ennuyé en attendant Alicia Keys.