Renée Martel n'a décidément pas de chance. À peine sortie de chimiothérapie, la chanteuse a passé l'hiver à soigner des bronchites et des pneumonies. Cerise sur le sundae: elle a dû annuler la première de son nouveau spectacle la semaine dernière, à cause d'une extinction de voix.

Vu les circonstances, on aurait pu s'attendre à une artiste passablement amochée samedi soir, à l'Étoile de Brossard, pour la reprise dudit spectacle. Mais ce ne fut pas le cas. Malgré la toux et les difficultés vocales, Renée Martel a donné une performance à la hauteur de sa réputation.

Veste et pantalons noirs, la grande dame du country québécois a entamé le spectacle avec C'est mon histoire et Une femme libre, chanson titre de son dernier album, paru il y a déjà plus d'un an. Puis elle a fait un grand bond en arrière, avec des versions assez relevées de ses anciens succès pop, Liverpool et Je vais à Londres.

Le country n'a pas tardé à reprendre sa place. Après la très belle Coeur de cristal, écrite pour elle par Richard Desjardins, Mme Martel a levé son chapeau à feu Kitty Wells, sa première grande influence. Avec la chanteuse Annie Blanchard (qui assurait la première partie) elle a ensuite interprété des classiques du western québécois, incluant une chanson charmante et méconnue de papa Marcel : L'hiver a chassé l'hirondelle.

Dans la deuxième moitié du concert, la chanteuse a pigé dans sa poche de «hits» de toutes les époques. Johnny Angel, Quand un bateau passe, À demain my darling, Si on pouvait recommencer, Le bateau du bonheur, Prends ma main, Nous on aime la musique country, Cowgirl dorée, ils y sont tous passés... sans oublier Nos jeux d'enfants et Un amour qui ne veut pas mourir, conservés pour le rappel.

C'était, en somme, le concert que tous voulaient entendre. Le public a chanté avec elle, il y avait dans l'air une ambiance de retrouvailles.

Ce qui est plus surprenant, c'est à quel point la chanteuse avait l'air en forme. Les chansons étaient rendues avec énergie, merci au quatuor de base (une basse, deux guitares, une batterie) qui l'accompagnait. Cette formation a fait du très bon boulot, même si, disons-le, on aurait franchement pris plus d'harmonies vocales. Trop timides dans Liverpool, elles étaient cruellement absentes dans plusieurs autres chansons.

Enfin, Mme Martel s'est révélée particulièrement jasante. Comme un grand livre ouvert, elle a longuement raconté ses problèmes de santé. Elle est en rémission et on saura au mois d'août si la bête est vaincue pour de bon. Rappelons la chanteuse a subi des traitements préventifs en août dernier pour un « éventuel cancer du foie ». Le public a salué son courage. Elle les a remerciés d'être là. Puis elle a rendu hommage à sa collègue Pier Béland, qui ne fut pas aussi chanceuse avec sa chimio....

Cela aurait pu être lourd. Mais Renée Martel se confesse avec tant de candeur que c'est toujours la légèreté qui l'emporte. Ainsi est son spectacle, heureux mélange de mélancolie et de fraîcheur. Une bonne façon de résumer ses 60 ans de carrière.

Renée Martel sera le 7 avril au théâtre du vieux Terrebonne et le 16 mai au Théâtre Arvida de Saguenay.