Paul Cargnello a publié en septembre son neuvième album en neuf ans, Papa Paul Cargnello, qu'il a enregistré à la maison tout en s'occupant de son jeune fils. Son ton ne s'est pas adouci pour autant, comme le démontrent ces nouvelles chansons rock bluesées qu'il transportera jeudi à la Sala Rossa. Portrait en quatre mots d'un songwriter agité.

Diversité

Paul Cargnello était parmi les invités d'un atelier sur la «francité et la diversité» au récent Forum sur la chanson. Il fut le seul à insister pour qu'on mette la crise identitaire de côté pour s'occuper des problèmes de l'industrie de la musique, qui représente «la vraie division», selon lui. Une nécessité pour cet artiste qui chante en français, en anglais et en... créole. «Montréal est une ville unique où il y a plusieurs langues, pas juste l'anglais et le français, fait-il valoir. Je vis dans un quartier italien, il y a aussi des Portugais et j'ai des amis haïtiens. C'est pour ça que j'ai choisi de chanter en créole.» Son intérêt pour la culture de La Nouvelle-Orléans et Haïti, il le présente aussi comme une curiosité pour la francophonie en Amérique. «Les 50 ans et plus ne verront peut-être pas le rapprochement [entre les anglos et les francos], mais ma génération est en train de rejeter l'idée des deux solitudes.»

Productivité

«Je connais beaucoup d'artistes perfectionnistes qui vont passer trois ans sur un album pour que le son du drum soit absolument parfait», dit Paul Cargnello. Lui se définit plutôt comme un hyperproductif. Son dernier disque est paru en septembre et il en a déjà terminé trois autres: un en anglais, un en français et un disque hip-hop avec son frère (sous le nom Skinny Bros). «Si je ne crée pas, je me sens mal à l'aise, angoissé.» Son objectif actuel est «d'apprendre la patience» pour trouver le point d'équilibre entre son envie de présenter ses nouvelles chansons... et la capacité de son auditoire à les recevoir!

Enraciné

L'univers musical de Paul Cargnello a des racines profondes: reggae, rock, blues... Des genres qu'il combine sans mal à son goût plus récent pour la musique de La Nouvelle-Orléans, dont il apprécie l'éclectisme. «Souvent, dans cette musique-là, il y a une profondeur, même quand les textes sont simples. Le but, c'est toujours de faire danser les gens. Même chose pour moi, dit-il. J'aimerais réussir à faire danser... et à faire réfléchir ensuite. Que les deux choses se produisent quand on écoute ma musique.»

Engagé

Plus jeune, Michael Jackson l'intéressait plus que Dylan. Mais il vient aussi du punk et du hip-hop engagé, progressiste. «Digable Planets est l'un des groupes qui m'ont le plus influencé», dit-il. Pour Paul Cargnello, dire quelque chose dans ses chansons est une obligation artistique. «Si tu ne luttes pas pour quelque chose, tu défends le statu quo. Et moi, j'ai un problème avec ça», tranche-t-il. Son objectif, c'est de toucher les gens et d'exprimer des idées en même temps. Ce qu'il fait aussi en mettant sur pied le Solidari-Show, un spectacle au bénéfice du Sac à dos, organisme qui aide les sans-abri. La mouture 2013 (le 18 avril au Club Soda) mettra en vedette Bran Van 3000. Paul Cargnello se produira en lever de rideau.

Paul Cargnello & The Frontline. le 14 mars à la Sala Rossa.