Un puissant album électro-rock conçu grâce à un procédé de programmation avant-gardiste. Une démarche expérimentale avec un rendu pop. Et si X1000, nouvel album bilingue du groupe Rock Forest, était la surprise de l'hiver?

Mardi soir, la Casa del Popolo affichait complet pour le spectacle-lancement du quatuor, qui se nommait auparavant Man Machine.

Le chanteur et claviériste Christophe Lamarche-Ledoux, Sherbrookois d'origine, le batteur Philippe Bilodeau et le bassiste Renaud Payant-Hébert se connaissent depuis l'adolescence. Ils ont déménagé à Montréal en 2005, avant que le guitariste Olivier Pépin, technicien de son au Divan Orange, se joigne à eux.

> Écoutez l'album

«J'ai été dans les scouts avec les gars de Misteur Valaire», raconte Christophe Lamarche-Ledoux qui, à Montréal, est devenu collaborateur de We Are Wolves et membre d'Organ Mood et du défunt projet Sexy Boy.

Un autre Sherbrookois d'origine connu de la scène locale, Étienne Dupuis-Cloutier, a signé la réalisation de l'album X1000, marquant l'aboutissement d'un «long laboratoire». «Au départ, notre projet était expérimental, explique Olivier Pépin. Il fallait maîtriser notre procédé de programmation.»

Complexe à expliquer, ce fameux procédé de programmation fait en sorte que le son est créé à partir de la symbiose et de l'interaction des instruments. «Le processus est inversé», précise Olivier Pépin.

Les membres du groupe ne jouent pas selon une séquence programmée: ils la créent au fur et à mesure de leur interprétation. Ils ne dépendent donc pas d'une bande préenregistrée.

«On applique des techniques de techno au rock. Nos pièces naissent avec des idées de programmations et on ajoute la voix, les instruments et les mélodies par après, explique Christophe Lamarche-Ledoux. Les premiers shows que j'ai vus à la MUTEK, ça me choquait de voir les musiciens avec leur laptop. [...] Notre musique électro est performée live

Il a fallu deux ans d'efforts pour que Rock Forest trouve une façon de composer des pièces accrocheuses. «C'est une réussite artistique d'avoir un projet expérimental avec un rendu aussi pop», indique Olivier Pépin.

Pop est un bien grand mot: l'arc-en-ciel sonore Rock Forest demeure ambitieux et coloré, avec des mélodies enlevantes et de multiples couches d'arrangements qui carburent à l'urgence. Les textes sont bilingues, articulés autour du thème des cycles qui se répètent et d'impressions de «déjà vu 1000 fois», que ce soit dans la réalité ou à la prise de substances hallucinogènes.

Rock Forest se produira au Divan Orange le 21 mars. Soulignons par ailleurs que Christophe Lamarche collabore au prochain album de Jimmy Hunt.

SUGGESTION DE LA SEMAINE

Youth Lagoon, c'est Trevor Powers, un jeune homme-orchestre au visage adolescent. Intime et d'une grande portée émotionnelle, sa pop mélancolique frappe fort. Son deuxième album, Wondrous Bughouse, sortira le 5 mars. Un extrait, Dropla, est offert sur Soundcloud. Youth Lagoon a annoncé plusieurs dates de spectacles. Toronto figure dans la liste, mais pas Montréal. Dommage.

EN RAFALE

> Le festival Bonnaroo, qui a lieu à la mi-juin au Tennessee, vient d'annoncer sa programmation. Paul McCartney, Animal Collective, Wilco, Björk, The National, Kendrick Lamar, Tom Petty & the Heartbreakers et Macklemore & Morris sont parmi les têtes d'affiche.

> The Chase, premier album du groupe montréalais Groenland, sera lancé le 16 avril sur l'étiquette Bonsound. Le groupe, formé d'anciens membres des groupes Roi Poisson et Le Citoyen, a confié la réalisation du disque à Philippe B et Guido Del Fabbro (Pierre Lapointe). Le spectacle-lancement aura lieu le 17 avril au Divan Orange.