La dernière fois que Loreena McKennitt a assisté à la cérémonie des Grammy, c'était en 2008. Cette année-là, Kayne West avait chanté Stronger sur une scène plongée dans le noir, Amy Winehouse avait offert une prestation époustouflante depuis un studio de Londres transformé en cabaret et une compilation de chansons de Joni Mitchell interprétées par Herbie Hancock avait, contre toute attente, remporté le trophée de l'album de l'année.

Autrement dit, la soirée avait un petit côté surréaliste, ce qui n'était pas pour déplaire à Mme McKennit, qui en avait goûté chaque minute.

«Je ne suis pas ce qu'on pourrait appeler une personne conventionnelle dans l'industrie de la musique. Alors, à chaque fois que je vais à Los Angeles, et je n'ai pas passé beaucoup de temps à ces remises de prix, c'est un peu comme si je sortais célébrer l'Halloween», affirme la musicienne en riant à l'autre bout du fil depuis son bureau à Stanford, en Ontario.

«Le spectacle en direct était extraordinaire. Juste être assise là, plus comme membre du public que comme chanteuse ou personne de l'industrie et me dire: «Wow, l'industrie de la musique est vraiment incroyable». Même d'un point de vue anthropologique, c'est fascinant. C'est comme aller sur la planète Mars pendant quelques jours», raconte-t-elle.

Espérons que Loreena McKennitt a une bombonne d'oxygène sous la main puisqu'elle s'apprête à retourner sur la Planète rouge.

L'artiste de 56 ans est en effet mise en nomination pour une deuxième fois à l'occasion de la 55e cérémonie des Grammy, qui aura lieu dimanche. Elle doit ce nouvel honneur à Troubadours on the Rhine, qui est en lice pour l'album nouvel âge de l'année.

Cette nomination a été une agréable surprise pour Mme McKennitt, surtout parce que la virtuose de la harpe, de l'accordéon et du piano qui puise son inspiration dans la musique celtique ne s'est jamais considérée comme une chanteuse nouvel âge.

«Par le passé, j'ai toujours refusé que mes oeuvres soient classées dans cette catégorie en particulier, surtout parce que je n'avais pas le sentiment qu'elle représentait vraiment ma musique», explique-t-elle.

Elle fait remarquer qu'en Europe, l'étiquette «nouvel âge» s'applique à un grand nombre de créateurs comme Peter Gabriel et Tori Amos mais qu'en Amérique du Nord, elle a une connotation moins intéressante.

«Ici, ça représente une musique différente, qui a plus à voir avec l'ambiance qu'avec les paroles, les arrangements on l'éclectisme. Elle a presque des vertus médicales, pour aider les gens à relaxer», note la musicienne.

Mais cela ne veut pas dire que Loreena McKennitt n'est pas heureuse d'être en nomination. «Si je gagne, ce sera comme la cerise sur le sundae. Que les gens connaissent cet enregistrement - après tout ce n'était pas un grand projet commercial - et qu'ils s'en préoccupent assez pour qu'il soit en nomination, c'est quelque chose dont je suis très reconnaissante.»