Le retour de Lawrence Lepage aura été de courte durée. Un mois et demi après son passage à Montréal, l'auteur-compositeur-interprète est décédé dans la nuit du 24 au 25 décembre. Il avait 81 ans.

«Il nous a quittés chez lui, assis dans son fauteuil», souligne Françoise Boudrias de la maison de disques la Prûche libre, qui a produit le 3e et dernier album du chanteur.

Lawrence Lepage avait entamé sa carrière en 1959 comme guitariste du folkloriste Jacques Labrecque. Les années suivantes, il a notamment accompagné Pauline Julien, Tex Lecor et Georges Dor.

En 1964 il a enregistré un premier album solo qui a marqué une génération de «folkeux». Son classique Mon vieux François avait notamment été repris par les Karriks en 1970 et Aime mon coeur, par Louise Forestier en 1975. Paul Piché a aussi chanté sa Turlute de mon Pays. Peu productif, Lawrence Lepage a lancé son 2e album en 1976.

Mais l'homme était un marginal. A la fin des années 70, plus attiré par les grands espaces que par le showbiz montréalais, il est retourné chez lui, dans la région de Rimouski pour vivre plus proche de la nature. On n'avait plus entendu parler de lui jusqu'à l'automne de 2012, quand il a lancé un troisième album sorti de nulle part (le Temps, étiquette La Prûche Libre) avec l'aide de l'ex-Bottine Souriante Yves Lambert.

Ce retour l'a ramené sous les projecteurs. En novembre, le poète à la barbiche et au chapeau de feutre a donné trois concerts à Rimouski, Lévis et au Lion d'Or à Montréal. On le sentait vieilli, mais heureux de pouvoir partager sa trentaine de chansons et son répertoire d'histoires drôles. Pour ceux et celles qui étaient là, cette rencontre avait quelque chose de rare.

Malgré sa production discographique minimale, Lawrence Lepage peut être considéré comme un poète de la nation. Comme Raymond Lévesque ou Gilles Vigneault., à qui on le comparait souvent, ses chansons parlaient du Pays et des gens d'ici.

Pour Yves Lambert, qui l'accompagnait sur scène cet automne, il était assurément une figure à redécouvrir.

«En me replongeant dans son oeuvre, je me suis aperçu qu'il avait une écriture extrêmement raffinée et identitaire, avait confié Lambert à La Presse. C'est une forme d'écriture de moins en moins fréquente dans la chanson québécoise. Il est de la trempe des grands. Et nous, c'est ce qu'on essaie de faire reconnaître.»

Salut, Lawrence Lepage !