L'été dernier, Of Monsters and Men a suscité un engouement monstre au Festival Osheaga. Le groupe islandais jouait sur la scène verte qui était aménagée sur un nouveau terrain plus vaste auquel il fallait accéder par un pont. C'était la cohue avec une attente de plus de 20 minutes et une foule de près de 10 000 personnes.

«Vous êtes tellement nombreux!», avait alors lancé la chanteuse Nanna Bryndís Hilmarsdóttir.

Trois mois plus tard, la jeune femme nous parle du confort de son foyer, à Reykjavik, au beau milieu de l'Atlantique. Elle vient de participer au festival Iceland Airwaves, l'événement qui a révélé son groupe Of Monsters and Men, il y a deux ans. L'intérêt «imprévu» que le groupe a suscité à Osheaga est à l'image de son succès. Un succès de souche qui part des admirateurs et non de l'industrie. Le groupe indie-folk venait à peine de sortir son premier album lorsqu'il a rempli la Sala Rossa, en avril dernier. Les billets pour son spectacle ce soir au Métropolis ont tous trouvé preneur en moins de 45 minutes, et au cours des derniers jours, des fans faisaient des pieds et des mains pour obtenir un billet.

«Nous connaissons des gens à Montréal», indique Nanna. C'est même la réalisatrice mont-réalaise Mihai Wilson et son équipe de We Were Monkeys qui ont réalisé le clip acclamé et viral du tout premier succès d'Of Monsters and Men, Little Talks. «Son travail est brillant», dit-elle.

Le groupe islandais a commencé à remplir des salles, car son indie-folk-rock (qui rappelle Mumford and Sons et Arcade Fire) s'est fait entendre dans plusieurs séries télé, dont Gossip Girl. Le groupe a semé un buzz partout sur son passage, que ce soit au Festival South by Southwest (SXSW) ou à M pour Montréal, il y a un an. Son album My Head Is An Animal fait partie des succès indie de l'année.

«Pour nous, c'est un album spécial. C'était le premier et nous ne savions pas ce que nous faisions. Nous avons adoré le processus», raconte Nanna.

Avant de participer au festival Iceland Airwaves, les six membres d'Of Monsters and Men étaient des camarades d'école. «Avant, notre musique était essentiellement acoustique. En studio, on voulait que ce soit plus appuyé, qu'il y ait quelque chose de rassembleur qui captive l'auditoire.»

Rassembleur

Rassembleur est le mot approprié pour décrire la musique d'Of Monsters and Men. «Il faut toujours être ouvert au changement et laisser sa musique évoluer, dit Nanna. Quand nous avons commencé le travail en studio, on a enregistré de façon très épurée (raw). Puis pendant six mois, on a enregistré sans cesse des couches supplémentaires. On ne devait pas avoir un son aussi gros.»

Les mélodies l'emportent tout de même sur les arrangements. «Il faut que la chanson se tienne, qu'elle soit forte juste à la guitare... Nous sommes obsédés par les mélodies!», lance Nanna.

Elle a comme co-chanteur Ragnar "Raggi" ÞOrhallsson. «C'est mon meilleur ami. Il est le meilleur ami de mon chum. Quand nous avons commencé à écrire ensemble, il arrivait souvent qu'il ait une idée, qu'il ne sache pas comment l'achever, et que moi, j'arrive avec une proposition qui colle... On sait ce que l'autre pense.»

Et comment gèrent-ils leur succès?

«C'est arrivé vite. Nous ne le réalisons pas et je crois que c'est bien... De revenir à la maison, ça ramène à soi-même et à l'essentiel», fait-elle.

Au cours des prochains mois, beaucoup de spectacles sont toujours au menu de la formation islandaise, mais aussi un deuxième album. «Depuis quelque temps, j'ai hâte et je suis enthousiaste, dit Nanna. Au début, j'avais peur, car j'appréhendais la pression... Cet hiver, nous allons écrire. Ici (en Islande, dans l'obscurité de l'hiver), c'est parfait pour ça... Nous ne pouvons rien forcer.»

Of Monsters and Men, ce soir au Métropolis.